Le pétrole plonge, les Bourses du Golfe se noient
Cette dégringolade est la conséquence du plongeon des prix du brut après l'échec vendredi de négociations entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et la Russie sur des réductions de production pour soutenir les prix, affectés par l'épidémie de nouveau coronavirus, et faire face à une baisse de la demande mondiale.
En réponse, l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, a entamé une guerre des prix en procédant dimanche à sa plus grande réduction en une vingtaine d'années.
Lundi, la Bourse de Ryad, la plus importante du Golfe, a clôturé en baisse de 7,8%.
Le titre de Saudi Aramco, géant pétrolier qui pompe plus de 9 millions de barils par jour, a perdu 5,5% après avoir enregistré une chute de 10% à l'ouverture.
Son prix s'est enfoncé bien en dessous de celui de son introduction en Bourse (32 riyals) en grande pompe en décembre.
Ces deux derniers jours, la valorisation d'Aramco, plus grande entreprise cotée au monde, a perdu 250 milliards de dollars.
Sa capitalisation boursière s'élève désormais à environ 1.510 milliards de dollars, bien en dessous des 2.000 milliards de dollars un temps visés par le royaume.
Plus bas niveau
Dans le Golfe, les échanges sont automatiquement suspendus quand un titre ou l'ensemble de la Bourse chutent de 10% ou augmentent de 15%.
La place de Dubaï a dévissé de 8,3%, atteignant son plus bas niveau depuis sept ans et les autorités ont suspendu les échanges pour la majorité des principales valeurs après qu'elles eurent perdu 10%.
La Bourse d'Abou Dhabi a dégringolé de 8,1%, atteignant son plus bas niveau en quatre ans, tandis que la place du Qatar a chuté de 9,7%.
Les marchés financiers, moins importants, d'Oman et de Bahreïn ont baissé respectivement de 5,6% et 5,8%.
Les Bourses des pays du Golfe avaient déjà plongé dimanche, premier jour de la semaine dans le Golfe, accusant des pertes se chiffrant en dizaines de milliards de dollars.
Ces pays dépendent du pétrole pour 70 à 90% de leurs recettes publiques et se démenaient déjà pour faire face à la baisse des prix afin de combler leur déficit budgétaire persistant.
"Aussi longtemps qu'il le faudra"
Les discussions entre l'Opep et ses alliés, la Russie en tête, portaient sur une réduction supplémentaire de 1,5 million de barils par jour qui se serait ajoutée aux réductions décidées dès 2017 et reconduites depuis par le cartel et ses partenaires pour soutenir les prix.Mais la Russie, deuxième producteur mondial après l'Arabie saoudite, a refusé de baisser davantage la production.
En réponse, Ryad a réduit son prix pour livraison en avril de 6 dollars par baril comparé au mois de mars en Asie, de 7 dollars aux États-Unis et de 6 à 8 dollars en Europe occidentale et en région méditerranéenne où la Russie vend une grande partie de sa production.
Les Saoudiens "réagissent au refus de la Russie en lançant une guerre des prix", a déclaré à l'AFP Bill Farren-Price, directeur du centre de recherche britannique spécialisé RS Energy.
L'Arabie saoudite va faire continuer la bataille des prix du pétrole "aussi longtemps qu'il le faudra", estime Anas al-Hajji, un expert en pétrole basé au Texas.
"Etant donné la forte baisse des prix, on espère qu'ils recommenceront à coopérer en mai (...) mais cela se produira très probablement en juillet", date à laquelle les réunions de l'OPEP sont prévues, a déclaré M.Hajji à l'AFP.
(c) Afp