Echec à l'Opep, la Russie refuse de nouvelles baisses de production
"A partir du 1er avril, compte tenu de la décision prise aujourd'hui, personne -- ni pays de l'OPEP, ni pays de l'OPEP+ -- n'a d'obligation de baisser la production", a déclaré le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak aux journalistes à l'issue de longues négociations à Vienne. Durant ces réunions, la Russie a refusé l'offre de l'OPEP d'une coupe collective supplémentaire de 1,5 million de barils par jour jusqu'à la fin de l'année 2020.
Les ministres des 23 pays producteurs de pétrole, menés par l'Arabie saoudite et la Russie, ont quitté en ordre dispersé le siège de l'OPEP où ils étaient réunis depuis jeudi pour tenter de trouver un terrain d'entente. Contrairement à leurs habitudes, ils n'ont pas tenu de conférence de presse.
Le cartel de l'OPEP proposait à Moscou et à ses neuf autres partenaires une coupe collective supplémentaire de 1,5 million de barils par jour afin de ne pas laisser l'épidémie ruiner les douloureux efforts consentis depuis trois ans pour maintenir à flot les cours du brut dans un marché où l'offre est excédentaire.
Revers lourd de conséquences
Depuis début 2017, les membres de l'OPEP+ se sont déjà engagés au retrait du marché de 1,2 million de barils par jour . En décembre dernier, l'alliance a accru cette réduction de 500.000 barils tandis que l'Arabie saoudite en retirait, à titre individuel, 400.000 de plus.Un nouvel ajustement drastique semblait encore nécessaire: les revenus pétroliers souffrent du coup de frein infligé par l'épidémie de Covid-19 à l'économie de la Chine, premier importateur mondial d'or noir.
Pour tenter de convaincre ses alliés, l'OPEP proposait qu'ils ne supportent qu'un tiers de l'ensemble des nouvelles coupes, soit 500.000 barils par jour.
Mais la Russie, deuxième pays producteur mondial de brut derrière les États-Unis et devant l'Arabie saoudite, a basé ses prévisions budgétaires sur un baril de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. à 42,4 dollars et répète se satisfaire des prix actuels, inférieurs à 50 dollars.
"Les Russes peuvent vivre avec un baril à 40 dollars et il semble qu'ils soient prêts à supporter des prix encore plus bas à court terme", observe Edward Moya, analyste chez Oanda.
La faillite des négociations de Vienne, qui menace d'accroître la déroute des cours, risque d'être lourde de conséquences pour les budgets des pétromonarchies du Golfe. Elle pourrait aussi remettre durablement en cause le mariage de raison scellé il y a trois ans par l'OPEP et ses 10 alliés pour tenter de peser sur les prix.
(c) AFP