Pétrole: l'Opep propose à la Russie une nouvelle coupe drastique de production
Les ministres "sont convenus de recommander à la 8e réunion ministérielle OPEP et non OPEP un nouvel ajustement de 1,5 million de barils par jour jusqu'au 30 juin 2020", selon un communiqué publié à l'issue d'une réunion à Vienne au siège de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
Cette première séance de discussions réunissait uniquement les 13 pays membres de l'OPEP afin de leur permettre de présenter un front uni face à leurs dix partenaires extérieurs à l'organisation, dont la Russie, qu'ils rencontreront vendredi.
Mais dans un marché du pétrole souffrant déjà d'une offre excédentaire, cette tentative d'agir sur les cours a été anéantie ces dernières semaines à mesure que l'épidémie de pneumonie virale se propageait à travers le globe.
Les revenus pétroliers souffrent notamment du ralentissement imposé par le coronavirus à l'économie de la Chine, premier importateur mondial de pétrole. L'OCDE a ramené lundi sa prévision de croissance mondiale pour 2020 de 2,9% à 2,4%.
Le cours du baril de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. de la mer du Nord, la référence européenne, est passé dimanche sous la barre des 50 dollars, un plus bas qu'il n'avait pas atteint depuis juillet 2017.
Convaincre la Russie
Le remède choc consistant à presque doubler les réductions de production en vigueur se heurte aux réticences de la Russie, deuxième pays producteur mondial de brut derrière les États-Unis et devant l'Arabie saoudite.Pour tenter de convaincre ses alliés, l'OPEP ne leur demande que de supporter un tiers de l'ensemble des nouvelles coupes, soit 500.000 barils par jour, selon le communiqué jeudi de l'organisation.
Mercredi, la Russie envisageait une simple prolongation de l'accord en vigueur, mais pas de nouvelles réductions, selon l'agence publique RIA Novosti.
Cette option n'est pas vue d'un bon oeil par l'Arabie saoudite, le principal producteur de l'OPEP, qui souhaiterait donner un vrai coup de fouet aux cours du brut.
Précautions sanitaires
Au-delà des divergences sur le fond, l'épidémie chamboule aussi les habitudes des ministres et délégués des membres du cartel présents cette semaine à Vienne.Jeudi, un médecin a pris la parole en amont de la réunion pour rappeler que les risques de contamination par le coronavirus sont jugés "faibles" à Vienne... tout en invitant à "limiter les poignées de mains" et à se signaler auprès de l'équipe médicale "en cas de toux ou de fièvre".
L'Autriche a déclaré 37 cas d'infection au nouveau coronavirus.
Comme la veille, des membres du personnel médical ont pris au pistolet la température des entrants dans les locaux du cartel, de même que celle des journalistes à la porte de la salle de presse, improvisée dans un hôtel voisin.
Mohammed Barkindo, le secrétaire général nigérian de l'OPEP et Alexandre Novak, le ministre russe de l'Énergie, se sont même essayés mercredi au "footshake", une façon de se saluer d'un léger coup de pied, selon une vidéo mise en ligne par l'Organisation.
(c) AFP