En pleine crise du coronavirus l'Opep tente d'arrêter la chute des prix du pétrole
Les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) emmenés par l'Arabie saoudite et leurs dix alliés de l'OPEP+, dont la Russie, se sont quittés début décembre en actant une baisse de leur production de 500.000 barils par jour, à laquelle vient s'ajouter une contribution "volontaire" de 400.000 barils de Ryad. Cela s'additionne aux 1,2 million décidés fin 2016 et reconduits depuis.
Ces efforts ont brièvement fait rebondir le cours du brut, avant que l'épidémie de coronavirus ne le refasse piquer du nez. Les deux cours de référence, le Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. pour l'Europe et le WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie. pour les États-Unis, ont ainsi perdu autour de 30% depuis un pic début janvier: ils sont tombés brièvement dans la nuit de dimanche à lundi au plus bas depuis plus d'un an, respectivement sous 50 et 45 dollars le baril.
Mais pour Craig Erlam, analyste chez Oanda, "ce ne sera pas suffisant". La Chine, très gourmande en or noir, est toujours enlisée dans une vaste crise sanitaire, et le virus se propage désormais hors de ses frontières.
Jeudi, le Financial Times rapportait que l'Arabie saoudite souhaitait porter l'effort commun supplémentaire à 1 million de barils par jour.
"Double message" russe
La réussite du sommet, qualifié d'"extraordinaire" puisque se tenant seulement trois mois après le précédent (contre le double habituellement) repose sur l'entente entre le poids lourd du cartel, l'Arabie saoudite, et son principal allié via l'accord OPEP+, la Russie, dont les responsables soufflent le chaud et le froid.Jeudi, le ministre de l'Energie Alexandre Novak a déclaré aux agences de presse russes sa volonté de "coopérer davantage (...) dans le cadre des relations multilatérales de l'OPEP+".
Or Ryad et son ministre de l'Energie Abdel Aziz ben Salmane, demi-frère du puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, tablent plutôt sur le double, explique à l'AFP Bjarne Schieldrop, de SEB.
C'est un "double message" qu'envoie la Russie à ses partenaires et au marché, même si elle "voit clairement que la demande souffre de l'épidémie, sans savoir précisément à quel point et pour combien de temps", selon lui.
Etau
Chaque ralentissement de la croissance mondiale pénalise la demande en brut et accentue le surplus du marché de l'or noir. Or, l'OCDE a ramené lundi sa prévision planétaire pour 2020 de 2,9% à 2,4%.Ce déséquilibre entre une demande qui s'affaisse et une offre toujours pléthorique est encouragé par des pays non membres du cartel comme les États-Unis, premiers producteurs mondiaux qui pompent à un niveau record, suivis par le Brésil, la Norvège ou encore le Guyana.
Il pèse sur les prix et resserre l'étau dans lequel est pris l'OPEP, qui n'a devant elle que des solutions imparfaites. Une coupe franche soutiendrait les prix, mais elle réduirait d'autant sa part de marché; et une coupe plus timorée pourrait rassurer le marché seulement "un jour ou deux", estime Robert Yawger, de Mizuho, interrogé par l'AFP.
Contacté par l'AFP, le ministère autrichien des Affaires étrangères a indiqué avoir rappelé au cartel les recommandations sanitaires en cas de réunion à caractère international, et notamment la possibilité d'un report.
(c) AFP