Chevron dévalue ses gisements face à l'abondance de pétrole
Le groupe californien va aussi restructurer ses activités, réduisant ses unités de production dans le monde de quatre à trois.
Des suppressions d'emplois sont également prévues mais Chevron, qui n'est plus présent que dans une vingtaine de pays contre une quarantaine il y a encore peu, n'a pas donné davantage d'informations sur ces coupes.
Chevron explique qu'à l'heure de forte abondance des énergies fossiles, certains de ses gisements ne seront pas aussi rentables que prévu.
Parmi ces projets, il y a les sites de gaz de schiste Appalachia (dans les régions de Virginie Occidentale, Pennsylvanie et Ohio notamment) et de production pétrolière dans le Golfe du Mexique, notamment la plateforme de "Big Foot" dont la production a démarré il y a un an.
Chevron a également revu à la baisse la valeur d'un site d'exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) à partir du Canada (Kitimat LNG).
Des projets internationaux non identifiés ont également perdu une bonne partie de leur valeur, a dit le groupe qui n'exclut pas de vendre la plupart de ces actifs.
"Nous pensons que la meilleure utilisation de nos capitaux consiste à investir dans nos meilleurs actifs", a souligné le PDG Michael Wirth, cité dans le communiqué, ajoutant que le moment de faire des "choix difficiles" était venu pour assurer des retours sur investissements à long terme aux actionnaires.
Selon le cabinet d'analyses IHS Market, le prix du gaz naturel devrait baisser davantage dans les prochaines années parce que le niveau de l'offre dépasse celui de la demande.
La production américaine, dopée par le boom du pétrole et du gaz de schiste, a dépassé la consommation depuis 2017, selon les chiffres officiels.
Chevron va se concentrer sur un petit nombre de gisements et projets, situés en grande partie au Kazakhstan et dans la région pétrolière du bassin permien dans le sud des États-Unis. Il entend y investir 20 milliards de dollars en 2020.
La décision du groupe devrait mettre sous pression ses rivaux à lui emboîter le pas car les milieux financiers s'interrogent sur la rentabilité à long terme des groupes pétroliers sur fond d'offre excédentaire d'hydrocarbures.
De nombreux signaux font craindre en effet une offre pléthorique en 2020, malgré la volonté de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de contrôler les approvisionnements en baissant les quotas de production.
L'OPEP et la Russie ont par exemple encore réduit de 500.000 barils par jour leur production la semaine dernière.
Les tensions commerciales, notamment entre les États-Unis et la Chine, les deux premières puissances économiques mondiales, devraient en outre affecter la demande pour les produits pétroliers et pétrochimiques, assurent les experts.
S'y ajoutent l'avènement des véhicules électriques et le durcissement des politiques publiques contre les énergies fossiles afin de réduire les émissions de CO2.
Avant Chevron, le groupe britannique BP avait déjà dû brader en octobre certains de ses actifs américains, ce qui l'a forcé à inscrire une charge de dépréciations de l'ordre de 2,6 milliards de dollars dans ses comptes.
(c) AFP