Pétrole: l'Opep repousse une annonce d'accord sur les quotas
Après une réunion marathon de plus de six heures à Vienne, les 14 membres de l'OPEP ont décidé de reprendre leurs discussions vendredi, laissant deviner des dissensions entre les membres de l'organisation sur l'ampleur et la répartition des réductions de production à concéder.
Pressés de questions par les journalistes à l'issue de la rencontre, les ministres saoudien et vénézuélien du pétrole se sont toutefois montrés confiants qu'un accord puisse être trouvé "demain", vendredi, à la reprise des pourparlers.
Alors qu'une simple prolongation de l'accord semblait l'option initialement privilégiée, le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak a indiqué jeudi qu'une baisse de production plus importante était envisagée.
"Il a été recommandé d'examiner (...) une réduction de production supplémentaire d'environ 500'000 barils au premier trimestre de 2020", a-t-il dit à Vienne. Ce quota serait réévalué lors d'une "réunion extraordinaire" en mars.
Cette option plus radicale n'a guère fait réagir les marchés qui y voit une forme de trompe-l'oeil puisque cela "ne ferait que réduire l'écart entre l'objectif et le niveau de production actuel", déjà inférieur à celui fixé par le quota, a commenté Edward Moya, analyste chez Oanda, auprès de l'AFP.
La réunion de vendredi devrait se faire avec la Russie et les autres pays producteurs qui se sont alliés avec l'OPEP, il y a trois ans, pour faire face au boom de l'offre américaine de gaz de schiste.
Rarement les ministres de l'OPEP sont restés aussi mystérieux sur leurs intentions.
L'Arabie saoudite, troisième producteur de brut et premier exportateur mondial, est le chef de file de l'OPEP, sans lequel aucune décision n'est entérinée.
Le pays supporte l'essentiel des baisses de production et s'agace du non-respect de l'accord par plusieurs producteurs, comme l'Irak et le Nigeria, qui pompent au-delà de leur quota. La Russie, deuxième producteur mondial, dépasse aussi régulièrement le plafond fixé.
Si l'OPEP et ses alliés s'entendent pour resserrer les vannes, encore faut-il "clarifier les détails et voir comment cela sera réparti", avait expliqué à l'AFP David Fyfe, analyste chez Argus Media.
Il faut voir "dans quelle mesure cela représenterait des réductions réelles et/ou une amélioration de la conformité" aux limitations déjà prescrites.
L'Arabie saoudite a d'autant plus intérêt à soutenir les cours au moment où le pays ouvre une partie du capital de sa compagnie nationale Aramco.
Le géant pétrolier, qui produit environ 10% du brut mondial, a annoncé jeudi être parvenu parvenu à lever 25,6 milliards de dollar pour ce qui va devenir la plus grosse introduction en Bourse de l'histoire.
Le contexte économique mondial laisse peu de marge au cartel: la guerre commerciale pèse sur la croissance chinoise, très gourmande en pétrole, tandis que celle de l'Europe, autre zone de forte demande, reste faible.
Les niveaux de production des pays non membres de l'OPEP battent des records: les États-Unis, premier producteur mondial depuis 2018, extraient de grandes quantités de pétrole de schiste, le Brésil et le Canada ont également augmenté leur production et d'autres, comme la Norvège, projettent de le faire.
Les cours sont relativement stables depuis la précédente réunion, en juillet, tournant autour des 60 dollars le baril pour le Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. - la référence européenne -, hormis un pic en septembre à la suite des attaques contre des installations pétrolières saoudiennes.
Visages inhabituels parmi le défilé des ministres du pétrole, des militants pour le climat ont été reçus jeudi matin par le secrétaire général de l'OPEP Mohammed Barkindo, après une protestation silencieuse devant le siège de l'organisation.
(c) AFP