Chute des cours du pétrole: l'Opep veut maintenir la baisse de la production
Ryad, poids lourd de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), a respecté l'accord de réduction de la production pris en décembre 2018 par des membres et non membres de cette institution, connus sous le nom d'OPEP+.
"Le royaume va continuer de baisser sa production plus que ne le prévoit l'accord. Cette production sera de 9,89 millions de barils par jour en octobre", a déclaré le ministre de l'Energie saoudien, le prince Abdel Aziz ben Salmane, à l'issue de la réunion du Comité ministériel conjoint de suivi de l'OPEP+.
Avant le début de la réunion, le prince Abdel Aziz avait appelé "chaque pays" à "respecter ses engagements", pointant du doigt certains Etats, comme le Nigeria et l'Irak, pour leur retard.
Exportations nettement inférieures
"Nous réitérons notre ferme engagement en faveur du respect total" de l'accord, a déclaré le ministre irakien du Pétrole, Thamer al-Ghadbane, en marge de la réunion à Abou Dhabi.
"Les exportations de septembre seront nettement inférieures à celles d'août et il y aura des réductions encore plus importantes en octobre", a-t-il annoncé. L'Irak est actuellement le 5e producteur et exportateur mondial, et le 2e producteur au sein de l'OPEP, après l'Arabie saoudite.
Souheil al-Mazrouei, ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, avait déclaré dimanche que le groupe ferait "le nécessaire" pour stabiliser le marché, ajoutant que de nouvelles réductions de production pourraient être envisagées.
Jeudi, les prix du pétrole étaient orientés à la baisse lors d'échanges européens, dans un marché incertain entre amélioration des tensions sino-américaines et un possible apaisement entre les États-Unis et l'Iran.
Le prince Abdel Aziz a assuré que l'OPEP+ était préparé à protéger le marché si l'Iran, soumis aux sanctions américaines, y retournait.
Le prince Abdel Aziz avait estimé lundi que les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, qui ont provoqué des craintes d'une récession mondiale, avaient jeté un "brouillard" sur le marché pétrolier.
Le ministre russe de l'Energie, Alexander Novak, a lui déclaré que les producteurs de l'OPEP+ avaient réussi dans le passé à "s'adapter et à réagir aux conditions changeantes du marché".
Dans un communiqué à l'issue de la réunion, les producteurs ont mis l'accent sur le respect des engagements, dans "l'égalité, l'équité et la transparence".
Les 24 membres de l'OPEP+ ont décidé l'année dernière de réduire la production de 1,2 million de barils par jour à partir de janvier 2019 pour pousser les prix à la hausse, après une chute de 40% entre 2014 et 2019.
Prolongées jusqu'à mars 2020, ces réductions n'ont pas réussi à faire grimper le baril à plus de 70 dollars, ce qui explique le scepticisme de certains analystes quant aux effets de la stratégie de l'OPEP+.
"Le marché abandonne (l'idée) que l'OPEP+ puisse soutenir les prix", a estimé Ole Hansen, chef de la stratégie sur les matières premières à Saxo Bank A/S, cité par Bloomberg. "Ils peuvent contrôler la production mais pas la demande", a-t-il observé.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a mis en garde jeudi sur le "défi" énorme que pose la hausse de la production américaine pour l'équilibre du marché pétrolier.
Selon l'AIE, la demande mondiale augmentera de 1,1 million de barils par jour (mbj) en 2019 et 1,3 mbj en 2020.
Mercredi, l'OPEP avait au contraire légèrement abaissé ses prévisions, sur fond de ralentissement mondial.
La demande progressera de 1,02 million de barils par jours (mbj) en 2019 et 1,02 million en 2020, selon l'OPEP.
(c) AwP