L'Opep va prolonger sa baisse de production, poussée par le duo Moscou-Ryad
Les quatorze pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs dix alliés (emmenés par la Russie) "soutiennent tous la proposition" de garder le cap des limitations de production, a annoncé le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak, après une première réunion lundi à Vienne.
Destinée à soutenir les cours du brut, la prolongation de cet effort sur les niveaux de production avait déjà été annoncée vendredi par le président russe Vladimir Poutine, en marge du G20 d'Osaka, levant une grande partie du suspense sur l'issue des réunions prévues jusqu'à mardi dans la capitale autrichienne.
Mais l'ascendance de la Russie, deuxième producteur mondial, et de l'Arabie saoudite, chef de file du cartel, qui se sont alliées il y a trois ans pour enrayer l'effondrement des cours, contrarie certains producteurs.
A son arrivée à Vienne lundi, le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh a dénoncé le caractère selon lui unilatéral de l'entente entre Moscou et Ryad annoncée en amont des réunions de Vienne.
"Le principal danger auquel est confrontée l'OPEP maintenant est la politique unilatérale", a lancé le ministre, assurant que "l'OPEP va mourir avec un tel processus" de décision piloté en solo par son rival régional saoudien.
Une analyse vigoureusement contestée par le Nigéria, selon lequel l'OPEP reste "une coopération d'Etats souverains". "Je ne suis pas d'accord avec l'idée que l'OPEP se meurt!", a protesté la représentante du Nigeria Folasade Yemi-Esan.
L'Iran s'est également dit opposé à ce stade à tout accord de coopération à long terme visant à pérenniser le partenariat entre l'OPEP et ses alliés, regroupés sous l'appellation OPEP+.
L'annonce de l'accord russo-saoudien a d'ailleurs permis au cours du baril de pétrole WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie. de dépasser les 60 dollars lundi, pour la première fois depuis le mois de mai. Le budget saoudien nécessiterait un cours du baril d'environ 85 dollars, tandis que Moscou se dit satisfait du niveau actuel du Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. à 60-65 dollars.
La question des réunions de Vienne portait essentiellement sur la durée de ce nouveau pacte, six ou neuf mois, le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Falih, plaidant pour une reconduction sur neuf mois.
Les paramètres à prendre en compte par les producteurs de pétrole sont nombreux. Côté offre, la récente intensification des tensions dans le Golfe (attaques de tankers, drone américain abattu par l'Iran...) ravive les craintes pour la sécurité de l'approvisionnement, mais sans provoquer à ce stade de flambée des prix.
Les risques géopolitiques semblent éclipsés par une demande énergétique morose, sur fond de guerre commerciale sino-américaine et de ralentissement de la conjoncture mondiale. L'Agence internationale de l'énergie a sabré, par deux fois récemment, sa prévision de demande mondiale de brut pour 2019.
Face à cette demande affaiblie, l'offre de brut reste abondante. La production américaine de pétrole de schiste ne cesse de grimper, concurrençant l'OPEP et gonflant des stocks mondiaux déjà élevés.
Inquiète, l'Arabie saoudite a réduit son offre bien au-delà des baisses de production imposées dans l'accord, pompant en mai 9,70 mbj, très en dessous des 10,31 mbj convenus. C'est le cas de la plupart des pays liés par l'accord.
"Nous croyons que nos accords de stabilisation de l'offre (...) ont eu un effet positif", argumentait M. Poutine vendredi dans le Financial Times.
La stratégie de l'"OPEP+" s'est jusqu'ici révélée payante, puisque le prix du baril de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. a pris environ 22% depuis janvier.
(c) AwP