L'Opep et Moscou réduisent leur production, le pétrole se reprend
Cet objectif, attendu fébrilement par les marchés, sera réparti à hauteur de 800.000 barils quotidiens pour les quatorze pays de l'OPEP et de 400.000 pour ses dix partenaires dont la Russie, a précisé l'organisation lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à son siège de Vienne.
La réduction, correspondant à un peu plus de 1% de la production mondiale, est destinée à rééquilibrer le marché et à enrayer la chute des cours, qui ont dévissé de 30% en deux mois dans un contexte de surproduction chronique.
La récente chute des prix était favorable aux consommateurs et bien perçue du président Donald Trump qui veut ménager les automobilistes américains. Mais les grands exportateurs mondiaux dépendants des revenus pétroliers, au premier rang desquels Arabie saoudite et Russie, espèrent renverser la tendance.
Répartir l'effort
La baisse "devrait aider le marché à atteindre un équilibre plus tôt", a salué le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, dont le pays est le deuxième producteur mondial, reconnaissant que les discussions avaient été "complexes".
Il aura fallu deux jours de réunions officielles aux différents poids lourds pour accorder leurs violons au sein de cette alliance nouée en 2016 entre l'OPEP et dix autres producteurs, dont la Russie qui est de loin le plus important.
Les pourparlers butaient sur la répartition des quotas de baisse, chaque producteur réclamant des efforts à ses partenaires.
La Russie estimait qu'il lui était "difficile" de réduire son offre en plein hiver compte-tenu des besoins du pays à cette période.
Le président américain Donald Trump avait exigé mercredi de l'OPEP, qui pompe le tiers du brut mondial, qu'elle maintienne sa production à un niveau élevé. Le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, a répondu que la hausse récente de la production saoudienne, parfois interprétée comme un geste à l'égard de Washington, "n'était pas politique".
Aléas
L'équilibre entre offre et demande est difficile à atteindre, et l'OPEP se réunira donc dès avril prochain pour évaluer l'effet de ces nouvelles baisses de production qui entrent en vigueur en janvier.
Tenant d'une ligne dure, et rival géopolitique du royaume, l'Iran, a obtenu d'être exempté des baisses de production, comme l'ont été la Libye et le Venezuela, trois pays dont les industries pétrolières souffrent de graves perturbations.
"Ces exemptions signifient que tous les autres pays vont devoir faire un petit effort supplémentaire", a reconnu le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Souheil al-Mazrouei.
Difficile de prédire si l'OPEP et ses alliés, qui représentent plus de la moitié de l'offre, parviendront à durablement inverser l'évolution des cours, mais "une telle baisse de la production va resserrer l'équilibre du marché pétrolier à partir du troisième trimestre de 2019", ont estimé les analystes du cabinet de consultants Wood MacKenzie.
"La baisse était nécessaire pour stabiliser les prix", ont-ils résumé, notamment dans la perspective d'un ralentissement de la croissance mondiale et alors que les Américains, premier producteur mondial de pétrole, pompent à tout va.
Les derniers mois ont cependant montré que rien ne se passe toujours comme prévu.
En juin, l'OPEP et ses alliés avaient assoupli leur politique de limitation de production pour pallier la fin des exportations iraniennes après le rétablissement des sanctions américaines liées au dossier nucléaire.
Mais les exemptions temporaires accordées au dernier moment par les États-Unis à huit pays importateurs ont contribué au plongeon des prix, effaçant les gains engrangés depuis début 2017.
(c) AFP