Fronde sur le prix des carburants: le gouvernement cherche une sortie de crise
Interrogé sur le mouvement de fronde antifiscale qui agite depuis plusieurs semaines une partie de la population, Emmanuel Macron a dit une nouvelle fois "comprendre" cette "colère", lors d'un entretien enregistré lundi à Verdun et diffusé mardi matin sur Europe 1.
"Le gouvernement ne se trompe pas, il va dans la bonne direction. On doit moins taxer le travail et davantage ce qui pollue", a affirmé le chef de l'Etat pour justifier la hausse des taxes sur les carburants décidée par l'exécutif.
Première piste évoquée: l'amélioration du "chèque énergie", versé aux Français les plus modestes peinant à se chauffer. "On ne peut laisser les gens, alors que l'hiver commence, dans une situation qui ne permet pas de se chauffer dignement", a concédé le chef de l'Etat.
Interrogé sur LCI, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a estimé que le gouvernement devait rendre "plus simple" ce dispositif, créé pour remplacer les tarifs sociaux de l'électricité et du gaz, et versé à environ 3,7 millions de ménages en situation de précarité.
"C'est très technocratique comme système, parce que vous recevez un chèque, mais c'est un chèque que vous ne pouvez pas encaisser, c'est un chèque que vous devez déduire de votre tarification" comme un bon d'achat, a rappelé le ministre, indiquant que "560.000 Français" recevaient aujourd'hui ce chèque sans l'encaisser.
La deuxième "question qu'on doit se poser", c'est "est-ce qu'il faut aider les gens qui sont imposables" et ne bénéficient actuellement pas du chèque énergie, qui doit passer l'an prochain de 150 euros à 200 euros en moyenne, a poursuivi Gérald Darmanin.
"Je pense qu'effectivement il faut s'occuper de tous les Français modestes" a-t-il déclaré, précisant qu'il ferait "cette semaine des propositions" sur ce sujet avec le ministre de la Transition écologique François de Rugy.
"Pompier pyromane"
Concernant les travailleurs contraints de prendre leur véhicule, le gouvernement a par ailleurs confirmé que les aides au transport versées par les régions, à l'image des Hauts-de-France qui proposent une aide de 20 euros par mois à partir de 60 km aller-retour de trajet quotidien, seraient "défiscalisées".
C'est une "bonne philosophie", a estimé le chef de l'Etat, en promettant de généraliser le défiscalisation à l'ensemble du territoire.
"Il faut que tout le monde se mobilise", a abondé Gérald Darmanin, appelant les entreprises à adapter quand c'est possible les horaires de leurs salariés à ceux des transports en commun.
Emmanuel Macron "est un pompier pyromane: il propose un allègement de taxes pour compenser une augmentation des taxes", a réagi la porte-parole des Républicains Laurence Sailliet. Il "fait l'aumône" de "quelques centimes", a critiqué Benoît Hamon, fondateur du mouvement Générations.
Pour Marine le Pen, la proposition d'Emmanuel Macron est "assez gonflée". Il "transfère aux régions (...) le soin de compenser l'hyperfiscalité qu'il a décidée sur les carburants", a déclaré la présidente du Rassemblement national (ex-FN).
Le mécontentement est monté en puissance ces dernières semaines avec des pétitions rassemblant des centaines de milliers de signatures et un appel à bloquer les routes le 17 novembre, soutenu par certains élus, notamment du Rassemblement national et des Républicains.
Interrogé sur cette grogne, Emmanuel Macron a mis en garde mardi contre une forme de "démagogie". "Je suis toujours méfiant sur ces grands appels à mobilisation pour tout bloquer, parce que généralement on trouve derrière un peu tout et n'importe quoi", a-t-il déclaré.
(c) AFP