Paris: L'exécutif, Édouard Philippe en tête, a assumé mardi la hausse "courageuse" du prix du diesel au nom de la "transition" écologique, l'opposition dénonçant une "arnaque" destinée à "compenser" les "cadeaux fiscaux" du gouvernement.
Ce débat intervient alors que l'Assemblée nationale a adopté mardi le volet recettes du budget 2019 qui prévoit des baisses d'impôts pour entreprises et ménages, mais qui est synonyme de baisse du pouvoir d'achat selon les oppositions.
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Nous avons indiqué très tôt que si nous voulions mettre en place la transition que beaucoup de Français attendent, s'agissant de la prise en compte de l'économie +décarbonée+, il fallait envoyer un signal prix, donner une trajectoire carbone visible, prévisible et irréversible", a déclaré le Premier ministre lors des questions au gouvernement à l'Assemblée.
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Nous devons accompagner ceux qui sont les plus fragiles et qui subissent évidemment les prix et le coût. C'est ce que cette majorité fait quand elle développe la prime à la conversion, lorsqu'elle augmente le chèque énergie, lorsqu'elle mettra en place les instruments qui permettront le développement des transports collectifs, y compris dans les intercommunalités où il n'y a pas d'autorités organisatrices de transport", a poursuivi M. Philippe.
Il était interpellé par la présidente du groupe socialiste Valérie Rabault, qui a lancé: "
Vous faites les poches des Français qui sont contraints de prendre leur véhicule, soit parce qu'ils habitent à la campagne, soit parce qu'ils n'ont pas accès aux transports en commun".
Elle a chiffré le surplus de taxe sur le diesel, "
pour une famille de deux parents, deux enfants", à "
576 euros en 2022 par rapport à 2017".
Le premier secrétaire du PS Olivier Faure avait auparavant dénoncé "
une arnaque".
"10 petits milliards"
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La réalité, c'est que sur cinq ans, le gouvernement a prévu de prélever 55 milliards d'euros via cette fiscalité écologique et figurez-vous que ce sont seulement 10 petits milliards sur ces 55 milliards qui vont finalement financer la transition énergétique", a-t-il dénoncé.
Mardi matin, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux avait défendu d'une formule la position de l'exécutif: "
quand on a aimé Nicolas Hulot, on assume d'avoir une fiscalité comportementale". Il a rappelé que la hausse du prix du diesel faisait partie du programme du candidat Macron.
Le ministre de la Transition écologique François de Rugy a lui aussi expliqué que le gouvernement voulait "
sortir du tout pétrole", soulignant que "
la hausse des prix des carburants est aux trois quart due à la hausse des prix du pétrole sur le marché mondial".
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La fiscalité devrait permettre de rapprocher le prix des deux carburants, le diesel et l'essence. En réalité, ils ont aussi augmenté le prix de l'essence et donc c'est là où il y a quelque chose qui ne colle pas, et on a bien compris qu'en réalité, c'est une opération purement budgétaire pour compenser des baisses fiscales", a répondu Olivier Faure.
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C'est tout simplement l'enfer fiscal", a de son côté estimé Daniel Quero, président de l'association "
40 millions d'automobilistes". "
Chaque matin quand on se lève on se demande quelle nouvelle taxe on va avoir, nous automobilistes. Ca devient tout à fait insupportable".
Le diesel, "
on a incité les gens à en acheter. Il y a 60% et quelque du parc qui est diesel et 80% du carburant vendu qui est encore du gasoil. C'est une manne pour l'État", a-t-il ajouté.
Lundi, Ségolène Royal, ministre de l'Environnement sous le quinquennat de François Hollande, avait dénoncé la fiscalité sur le carburant, estimant que le gouvernement cherchait à "
justifier un matraquage fiscal par l'écologie", ce qui "
n'est pas honnête".
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Il faut absolument arrêter cette hausse", a dit Mme Royal, jugeant qu'il n'y avait "
pas une semaine où il n'y a pas un recul sur l'écologie. On comprend mieux la démission de Nicolas Hulot".
(c) AFPCommenter L'exécutif défend une hausse "courageuse" du diesel, l'opposition dénonce une "arnaque"