Pétrole: l'Iran gagne des soutiens face aux menaces américaines
Pressés de faire des propositions à Téhéran, menacé d'un nouvel isolement économique, les chefs de la diplomatie des cinq puissances restant parties à l'accord nucléaire (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni et Russie) ont rencontré à Vienne leur homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, pour la première fois depuis que Donald Trump s'est désengagé de l'accord.
Parmi les onze objectifs définis vendredi, les signataires ont plaidé pour "la poursuite des exportations de gaz et de pétrole iraniens" alors que les États-Unis ont demandé à tous les pays d'arrêter complètement leurs importations de pétrole d'Iran d'ici le 4 novembre.
Les récalcitrants s'exposent aux sanctions économiques que Washington va rétablir vis à vis de toutes les entreprises ayant des liens avec la République islamique.
A l'issue de la réunion, le chef de la diplomatie iranienne a salué la "volonté de résister" aux États-Unis manifestée par ses partenaires.
Les Européens, qui affirment leur attachement à l'accord, s'activent depuis deux mois pour essayer de conserver l'adhésion du pays à ce pacte par lequel le pays s'engage à ne pas se doter de l'arme atomique.
Mais pour les onze objectifs définis vendredi, les signataires ne précisent comment, concrètement, relever ce défi alors que la perspective du retour des sanctions américaines a commencé à faire fuir d'Iran les investisseurs étrangers.
Outre le soutien aux exportations de pétrole iranien, ils veulent "la préservation et le maintien de canaux financiers efficaces avec l'Iran, la poursuite des communications maritimes, terrestres, aériennes et ferroviaires, la promotion de la couverture du crédit à l'exportation, un soutien clair et efficace aux opérateurs économiques qui commercent avec l'Iran (...), l'encouragement de nouveaux investissements en Iran, la protection des opérateurs économiques pour leurs investissements et autres activités financières en Iran".
"C'est la première fois qu'ils montrent un tel engagement à ce niveau, mais il faudra voir à l'avenir (s'il y a une différence entre) ce qu'ils veulent véritablement faire et ce qu'ils pourront faire", a salué M. Zarif.
La veille encore, le président iranien Hassan Rohani avait fait savoir qu'il jugeait l'offre européenne insuffisante, selon l'agence de presse officielle iranienne Irna.
"Nous formulons une offre que nous trouvons attractive", a au contraire affirmé le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas au début de la réunion.
"Ce ne sera pas la dernière discussion" sur ce sujet entre l'Iran et ses partenaires, a-t-il ajouté, admettant également que les Européens "ne pourraient pas tout compenser"
Son homologue français Jean-Yves Le Drian, interviewé sur la radio RTL avant la rencontre, avait estimé que la formulation de propositions concrètes prendrait encore quelques mois.
"Pour le mois de novembre nous essayons d'y aboutir", a-t-il assuré.
Le 4 novembre doit marquer la date du retour en vigueur des sanctions américaines contre le secteur énergétique iranien. L'Iran dispose des deuxièmes réserves mondiales de gaz, après la Russie, et des quatrièmes réserves mondiales de pétrole.
En visite en Suisse cette semaine, le président Rohani avait affirmé que les États-Unis ne pourront jamais empêcher l'Iran d'exporter son pétrole, qualifiant l'annonce du département d'Etat de "pure imagination".
La contrepartie pour l'Iran de l'accord de 2015 et du contrôle de ses activités nucléaires fut la levée des sanctions économiques internationales avec la perspective de nouveaux investissements pour tenter de remettre à flots une économie en grandes difficultés.
Or depuis que le gouvernement américain de Donald Trump a dénoncé le texte, la perspective du retour des sanctions américaines a commencé à faire fuir les investisseurs étrangers, comme le constructeur automobile français Peugeot ou l'armateur danois de navires pétroliers Maersk Tankers.
Téhéran a menacé à plusieurs reprises de reprendre l'enrichissement d'uranium et ne cache pas son impatience, prévenant depuis plusieurs semaines que "le temps des négociations arrive à son terme" pour sauver l'accord.
(c) AFP