Le prix du pétrole américain au plus haut depuis 2014
Le baril de WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie. pour livraison en août, la référence américaine, est monté mercredi jusqu'à 73,06 dollars sur le New York Stock Exchange avant de clôturer à 72,76 dollars (+3,2% par rapport à la veille), son plus haut niveau depuis novembre 2014.
A Londres aussi les prix ont grimpé, le baril de Brent montant jusqu'à 78,16 dollars avant de terminer la séance à 77,62 dollars (+1,7%).
Les raffineries fonctionnent à une cadence extrêmement élevée (à 97,5% de leurs capacités), ce qui implique une très forte demande en or noir. Et le pays n'a jamais autant exporté de brut (3 millions de barils par jour).
Dans le même temps, les investisseurs redoutent que l'offre d'or noir sur le marché mondial ne diminue en raison de perturbations sur divers points de la planète, constituant selon James Williams de WTRG Economics "un parfait concours de circonstances" pour la montée du prix des barils.
Cette flambée intervient alors même que le président américain a plusieurs fois déploré au cours des derniers mois le niveau élevé des cours du pétrole et accusé dans des tweets l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) d'y participer. Pour redresser les cours, qui avaient dégringolé à moins de 30 dollars le baril début 2016, le cartel avait en effet décidé fin 2016 de limiter sa production.
Canada, Venezuela, Libye, Iran
Pour les raffineries américaines, le problème le plus pressant vient du Canada, où une mine de sables bitumineux exploitée par Syncrude et pouvant produire jusqu'à 350.000 barils par jour a été interrompue la semaine dernière en raison d'une panne électrique.
Aux États-Unis, la production est déjà à un niveau record (10,9 millions de barils par jour) et "peut difficilement augmenter plus pour l'instant en raison des goulots d'étranglement dans le bassin permien", une zone à cheval entre le Texas et le Nouveau-Mexique, souligne John Kilduff du fonds Again Capital.
La production a aussi fortement décliné ces derniers mois au Venezuela, au fur et à mesure que le pays s'enfonçait dans une crise économique. Et en Libye, des autorités politiques rivales ont engagé un bras de fer autour du contrôle des terminaux pétroliers.
L'administration Trump a jeté de l'huile sur le feu en demandant mardi à tous les pays important du pétrole iranien d'arrêter leurs achats auprès de Téhéran d'ici le 4 novembre s'ils voulaient éviter les sanctions américaines.
De l'avis de plusieurs analystes, un arrêt total des exportations iraniennes est peu probable mais le ton plus agressif a surpris.
"L'Europe était déjà vue comme politiquement trop timide pour protéger ses entreprises de sanctions américaines potentielles", remarque Olivier Jakob de Petromatrix. La Chine, premier importateur mondial, pourrait faire fi des menaces de M. Trump. Mais l'Inde, troisième importateur, est "la question principale pour le marché", remarque-t-il.
L'OPEP et dix autres pays se sont bien engagés samedi dernier à respecter les quotas de production qu'ils s'étaient fixés fin 2016, ce qui dans les faits correspondrait à une hausse d'un million de barils par jour.
Et l'Arabie saoudite, chef de file du cartel, a fait savoir qu'elle augmenterait dès juillet sa production à 11 millions de barils par jour, un record.
Mais la position "intransigeante" de Washington à l'encontre de Téhéran "va forcément conduire à une chute du pétrole iranien sur le marché mondial que les autres pays, malgré tous leurs efforts, peuvent difficilement compenser", souligne John Kilduff.
(c) AFP