Le compromis de l'Opep, trop "vague" pour faire reculer les prix
Le groupe de 24 pays, qui assure plus de 50% des productions mondiales, entend remplir collectivement "à 100%" les quotas de production qu'il avait décidés fin 2016 mais qui ne sont pas atteints en pratique, selon le texte adopté à l'issu d'une réunion à Vienne.
Selon l'Arabie saoudite et la Russie, cela représenterait une hausse d'"un million de barils par jour", ce qui répondrait à la hausse attendue de la demande mondiale, un chiffre déjà évoqué vendredi mais qui ne figure cependant pas dans le document officiel final.
Signe du scepticisme des investisseurs, le pétrole a clôturé en hausse vendredi soir, le Brent européen bondissant de 2,50 dollars à 75,55 dollars à Londres tandis que le WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie. américain grimpait de 3,04 dollars à 68,58 dollars à New York. "Si l'objectif était de faire baisser les prix du brut, ce n'est pas une réussite", a remarqué Joe McMonigle, analyste chez Hedgeye.
L'accord conclu par le cartel et ses alliés, liés depuis fin 2016 par un pacte de limitation de la production, est trop "vague", ont relevé plusieurs analystes, et les estimations du nombre de barils qui arriveront effectivement sur le marché divergent alors que les investisseurs craignent que l'offre mondiale ne réponde pas à la forte demande du troisième trimestre.
La Russie et l'Arabie saoudite ont insisté samedi sur le fait que les pays pouvant augmenter leurs extractions compenseront les maux de leurs partenaires peinant à atteindre leurs quotas, comme le Venezuela.
"Le marché a peut-être sous-estimé la mesure dans laquelle nous sommes prêts à agir", a souligné le ministre saoudien du Pétrole, Khaled al-Faleh.
Mais "les investisseurs espéraient une mesure plus agressive", avec une hausse chiffrée des objectifs de production dans le texte de l'accord, a indiqué Pablo Shah, analyste chez CEBR.
"Adoucir les prix"
Pour rassurer les marchés, le ministre saoudien a affirmé samedi que le géant pétrolier national, Saudi Aramco, relancerait dès juillet sa production "au-dessus du quota de l'Arabie saoudite".
Depuis début 2017, l'OPEP et ses alliés limitent leurs extractions, une mesure qui a contribué à relancer les cours du brut, qui a plus que doublé en deux ans. Mais la hausse du prix de l'essence inquiète dans les plus grandes économies, et le président américain Donald Trump a régulièrement critiqué l'OPEP ces dernières semaines, l'accusant de ne pas agir.
"J'espère que l'OPEP va augmenter son débit de manière significative. Il faut garder les prix bas !", a encore tweeté M. Trump vendredi, au moment où l'Organisation publiait sa décision.
"Juste avant les élections (de mi-mandat aux États-Unis en novembre), il est dans la pire situation possible. Il a baissé drastiquement les impôts, mais la mesure se perd complètement à la pompe" pour le consommateur américain, a expliqué à l'AFP Giovanni Staunovo, analyste chez UBS.
Alors que certains observateurs ont estimé que la décision de l'OPEP était dictée par Washington, le ministre saoudien a reconnu que les États-Unis comptaient mais seulement en tant que consommateur important.
"Nous utilisons toutes sortes d'indicateurs du marché pour prendre nos décisions, Twitter n'en fait pas partie", a pour sa part ironisé le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak.
Si les prix ont réagi violemment à court terme, certains observateurs restent prudents. "L'offre créée par l'OPEP va répondre à la hausse traditionnelle de la demande au troisième trimestre", correspondant aux départs en vacances, ont estimé les analystes de Wood McKenzie, qui prévoient donc que les prix restent stables.
(c) AFP