Au-delà de l'Iran, les prix du pétrole à la merci de la moindre perturbation
L'Iran est un important exportateur de pétrole qui fait partie de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Celle-ci et la Russie ont décidé de limiter leur production alors que la croissance économique mondiale a relancé la demande pour le brut. Les réserves de pétrole, qui avaient gonflé entre 2014 et 2016, se sont donc en grande partie résorbées.
Le cours du baril de Brent coté à Londres est du coup passé en un an d'environ 50 dollars à 75 dollars actuellement alors que le WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie. coté aux Etats-Unis a franchi lundi le cap des 70 dollars, qu'il n'avait pas atteint depuis 2014, avant de retomber à 69,06 dollars mardi.
Par ailleurs, "on a eu un véritable manque d'investissement dans l'industrie pétrolière et gazière depuis le milieu de la décennie", estime Matt Smith, de ClipperData, qui redoute "un déficit d'offre dans un, deux ou trois ans".
Certes l'exploitation des bassins de schiste aux Etats-Unis est en pleine expansion, mais le pétrole léger qui en est tiré ne convient pas à tous les marchés et les infrastructures pour le transporter ne progressent pas forcément à la même vitesse.
Les prix sont dans ce contexte devenus plus sensibles au moindre problème pouvant réduire l'offre de pétrole sur le marché mondial. Ils ont ainsi accéléré leur montée ces dernières semaines face aux menaces de sanctions contre l'Iran brandies par Donald Trump.
L'impact du retrait américain de l'accord nucléaire iranien est à court terme encore incertain, leurs conséquences dépendant notamment de la réaction des autres pays ou du calendrier de leur mise en oeuvre.
Mais de façon générale, la politique étrangère de Donald Trump "continue d'aviver les tensions dans la région qui exporte le plus de pétrole au monde et, en tant que tel, soutient les prix", affirment les analystes de Barclays.
La situation en Libye est aussi source de préoccupation: la production du pays est revenue autour d'un million de barils par jour, contre 1,6 million avant la chute du régime du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011. Mais elle est régulièrement perturbée par des blocages imposés par des milices.
La chute de la production vénézuélienne est également scrutée par les acteurs du marché. Minée par la corruption, la mauvaise gestion et la baisse des cours du brut, elle a chuté en mars à 1,5 million de barils par jour, son niveau le plus bas depuis 30 ans. Alors que se prépare une élection présidentielle le 20 mai, "un coup d'Etat ou une guerre civile pourrait très bien faire bondir les prix à 85 dollars", estime James Williams du cabinet WTRG Economics.
Toutefois, préviennent plusieurs analystes, les cours du pétrole pourraient tout aussi bien redescendre rapidement si se profile une récession économique ou si l'Arabie saoudite en décidait ainsi.
Chef de file de l'OPEP, Ryad n'a pas intérêt à voir les prix du brut redescendre tant que n'est pas finalisée l'introduction en Bourse de l'entreprise publique qui gère le pétrole du pays, Aramco.
Mais "tout est possible une fois que leur introduction en Bourse sera passée ou qu'ils estiment ne plus avoir besoin de limiter leur offre sur le marché mondial", remarque Matt Smith.
(c) AFP