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Egina: un projet pétrolier "historique" pour le Nigeria

petrole NigeriaLagos: A côté du gigantesque navire Egina amarré depuis un mois dans le port de Lagos, les barques de pêcheurs sont microscopiques et les porte-containers, d'habitude maîtres des lieux, ressemblent à de vulgaires embarcations.
Développée par le groupe français Total, cette unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO), sorte de Lego géant, pèse près de 220.000 tonnes et mesure 330 mètres de long sur 60 mètres de large.

Le vaisseau, dont la construction est en voie de finalisation, produira bientôt 200.000 barils de pétrole par jour, soit 10% de la production nationale: un projet historique, pour le premier producteur de brut d'Afrique.

D'ici quelques mois, sa coque verte d'une hauteur de 33 mètres sera transportée au large du Delta du Niger, puis reliée à 44 puits sous-marins, à 1.600 mètres de profondeur.

Jusqu'à 2,3 millions de barils de brut, directement filtrés et traités par les milliers de canalisations que comporte le vaisseau, pourront être stockés dans sa coque, avant de partir par cargo pour être raffinés à l'étranger.

Le coût global du projet s'élève à quelque 16 milliards de dollars (12,8 milliards d'euros), mais cet investissement est justifié, selon le directeur général de Total pour le pays, Nicolas Terraz.

"Le Nigeria, c'est un pays très important pour Total, c'est un pays où nous sommes implantés depuis 60 ans", explique-t-il à l'AFP. "C'est le plus grand FPSO jamais construit par le groupe", précise-t-il, en levant les yeux vers l'immense bateau.

Au grand dam des amateurs de voile qui, dit-on, n'ont plus accès aux vents, et aux riverains qui ne trouvent plus le sommeil, éblouis par ses lumières, l'Afrique accueille pour la première fois l'un des plus grands chantiers pétroliers au monde.

Si l'Egina marque l'histoire, ce n'est pas uniquement par sa taille et son coût: c'est le premier projet de grande ampleur à être réalisé après le vote de la loi d'obligation de "contenu local", votée en 2010.

Plus de la moitié des acteurs impliqués dans sa construction sont nigérians, et près de 75% des heures travaillées sur le projet effectuées sur place, à Port Harcourt (sud) ou à Lagos (l'autre partie ayant été commencée en Corée du Sud sur les chantiers Samsung).

"Jamais auparavant nous n'aurions pu imager qu'un tel chantier puisse être réalisé localement", explique dans ses bureaux d'Ecobank l'analyste en hydrocarbures Dolapo Oni. "C'était un pari fou pour Total."

"Il est très difficile pour les sociétés nigérianes d'avoir accès aux banques locales ou internationales", assure le spécialiste. "Mais l'Egina témoigne d'une confiance des investisseurs étrangers, à un moment où les grandes compagnies pétrolières comme Shell ou Exxon -partenaires historiques du pays- n'investissent plus au Nigeria."

En effet, le géant d'Afrique de l'Ouest souffre d'années de mauvaise gestion de ses ressources. Après 17 années de vide législatif, le Parlement nigérian a enfin voté, en janvier, une loi qui vise à réformer ce secteur et à le rendre plus transparent.

Elle doit encore être signée par le président Muhammadu Buhari, qui s'est engagé à faire la guerre à la corruption qui gangrène le pays.

Les multinationales peinent à investir dans le sud-est du Nigeria, une région instable où des groupes armés multiplient attaques et kidnappings pour protester contre la mauvaise répartition des richesses et les atteintes à l'environnement.

Inégalités vertigineuses

A Lagos, les baraques crasseuses de pêcheurs qui gagnent moins de deux dollars par jour entourent l'Egina, illustrant les inégalités vertigineuses qui écrasent le pays.

Toutefois, les acteurs locaux privés voient dans la construction du navire l'occasion de transformer le secteur pour enfin créer des emplois localement. 3.000 personnes ont déjà participé à la phase de construction à Lagos.

Ladol, société de services pétroliers qui accueille le vaisseau sur sa plate-forme portuaire, est 100% nigériane. Pour la PDG du groupe, Amy Jadesimi, l'Egina va "radicalement changer le paysage de l'industrie".

"Développer les entreprises locales, c'est un beau concept, mais il fallait des financements", raconte la cheffe d'entreprise nigériane de 42 ans, qui travaillait auparavant dans une banque d'affaires à Londres.

"Désormais nous avons les plus grandes grues sur le continent africain, nous avons la main-d'oeuvre et nous pouvons accueillir d'autres projets de ce genre, pas seulement dans le secteur pétrolier. Nous pouvons construire des silos agricoles par exemple, accueillir les plus grands bateaux du monde pour exporter des produits faits localement", affirme-t-elle.

Selon Mme Jadesimi, une telle capacité peut générer à terme jusqu'à 50.000 emplois.

Mais pour cela, le gouvernement nigérian, qui tire 70% de ses revenus de l'or noir (1,6 milliard de dollars mensuels) doit investir dans les infrastructures et l'énergie.

Côté terre, l'Egina n'a rien changé. Des chauffeurs de poids lourds attendent depuis des semaines, assommés de chaleur, de pouvoir décharger ou récupérer leurs cargaisons, dans un chaos infernal.


(c) AFP

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