Pétrole dans l'Arctique: les ONG lancent une nouvelle offensive judiciaire
Début janvier, la branche norvégienne de Greenpeace et l'organisation Natur og Ungdom (Nature et Jeunesse) avaient perdu en première instance le procès qu'elles avaient intenté à l'État norvégien pour protester contre l'octroi en mai 2016 de concessions en mer de Barents.
"C'est clair comme du cristal que l'État enfreint la Constitution et notre droit à un environnement sain en attribuant de nouveaux gisements pétroliers", a déclaré le chef de Natur og Ungdom, Gaute Eiterjord.
S'il avait reconnu que le paragraphe 112, récemment amendé, de la Constitution garantissait aux justiciables le droit à un environnement sain, le tribunal d'Oslo avait conclu le mois dernier que la Norvège ne pouvait être tenue pour responsable des émissions de gaz carbonique générées par les hydrocarbures qu'elle exporte vers d'autres pays.
"Pour les personnes et l'environnement, l'endroit où le pétrole est comburé ne joue aucun rôle", a objecté Truls Gulowsen, chef de Greenpeace Norvège. "En ouvrant ces nouvelles zones aux activités pétrolières, l'État norvégien est responsable à la fois moralement et juridiquement des émissions".
Cette bataille devant les tribunaux illustre la judiciarisation croissante de la lutte contre le changement climatique.
Les deux ONG invoquent l'Accord de Paris signé par la Norvège en 2016, qui vise à limiter à moins de 2°C le réchauffement, ce qui suppose de renoncer graduellement aux énergies fossiles.
La Norvège, qui tire son immense richesse des hydrocarbures, cherche, elle, à enrayer le déclin de sa production pétrolière, divisée par deux depuis 2000, et compte pour ce faire sur le Grand Nord.
Le 23e cycle de concessions avait vu l'attribution en mai 2016 de dix licences à 13 groupes pétroliers, parmi lesquels le champion national Statoil, les Américains Chevron et ConocoPhillips et le russe Lukoil, y compris dans une région jusqu'alors totalement inexplorée.
Il appartient maintenant à la Cour suprême, plus haute instance judiciaire du pays, de décider si elle accepte d'examiner l'affaire.
(c) AFP