ExxonMobil et Chevron déçoivent Wall Street malgré des prix du pétrole élevés
Sur le papier, ExxonMobil a dégagé un bénéfice net annuel de 19,71 milliards de dollars, dont 8,38 milliards au quatrième trimestre, et Chevron un profit annuel de 9,2 milliards, dont 3,1 milliards sur les trois derniers mois de l'année.
Mais c'est en grande partie grâce à des effets comptables, qui ont amélioré de plus de 7 milliards la rentabilité du premier et de 2 milliards celle du second. Les deux géants pétroliers ont dû modifier leur comptabilité pour prendre en compte la récente réforme fiscale américaine abaissant notamment le taux d'imposition des entreprises de 35 à 21%.
Royal Dutch Shell et ConocoPhillips, deux de leurs rivaux, ont pourtant fait état de résultats soutenus par le rebond des cours de l'or, le premier triplant quasiment son bénéfice net 2017 à 13 milliards de dollars, et le second dégageant son meilleur bébéfice en trois ans.
Les cours de l'or noir ont fini l'année 2017 autour de 60 dollars, soit un bond de 15% sur un an, soutenus par la dépréciation du dollar, une demande solide du fait de la reprise économique mondiale et les efforts de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et d'autres producteurs comme la Russie qui ont limité leur production pour réduire l'offre sur le marché.
A Wall Street, Exxon connaissait une de ses plus mauvaises séances depuis l'été 2016. Le titre perdait 5,69% à 84 dollars vers 16H35 GMT, tandis que Chevron reculait de 3,52% à 121,55 dollars.
Pas de rachat d'actions
Les performances des deux premiers groupes d'hydrocarbures américains suggèrent qu'ils n'ont pas encore trouvé la recette pour relancer leur moteur de croissance en panne depuis le plongeon des prix du pétrole au printemps 2014, ce que conforte d'ailleurs le recul de leur production respective.
La production d'or noir et de gaz d'Exxon a par exemple diminué au quatrième trimestre de 3% à 4 millions de barils de pétrole par jour (mb/j), là où les marchés l'attendaient à 4,16 mb/j. Celle de Chevron est de 2,74 mb/j, contre 2,80 mb/j espérés par les marchés, même s'il a tenté de rassurer en disant avoir découvert de nouveaux champs vierges.
"Les volumes de production sont moindres que prévu", renchérit Doug Terreson chez Evercore.
Conscients de ces difficultés, Exxon et Chevron ont lancé chacun une offensive pour renforcer leurs opérations aux Etats-Unis et en Amérique du sud.
Darren Woods, qui a remplacé il y a un an Rex Tillerson à la tête d'Exxon, a promis mardi d'investir 50 milliards de dollars dans les cinq prochaines années sur le sol américain.
Il veut en l'occurrence tripler la production d'Exxon à 600.000 mb/j d'ici à 2025 dans le bassin permien, zone à cheval sur le Texas et le Nouveau-Mexique (sud des Etats-Unis) concentrant des réserves de pétrole de schiste.
Le dirigeant a en outre effectué des acquisitions au Brésil et au Mozambique et investit beaucoup au Guyana où Exxon a découvert de nouveaux champs d'hydrocarbures.
Chevron compte pour sa part sur la production du méga-projet de gaz naturel liquéfié (GNL) Gorgon en Australie et de nouveaux puits au Kazakhastan.
En attendant, les deux géants pétroliers doivent composer avec des investisseurs en quête de juteux dividendes alors que les Bourses alignent des records depuis un an.
"Exxon a douché les espoirs d'un programme de rachat d'actions", avance la banque JPMorgan Chase, qui y voit un élément justifiant la baisse du titre vendredi. "Pourquoi ne pas lancer des rachats d'actions pour "récompenser les investisseurs de leur patience+?", interroge-t-elle.
(c) AFP