Corée du Nord: Pékin accusé de livrer du pétrole malgré les sanctions
"Pris la MAIN DANS LE SAC", a lancé le président américain jeudi sur Twitter, se disant "très déçu de voir la Chine permettre au pétrole d'entrer en Corée du Nord" en violation des sanctions adoptées par l'ONU pour forcer Pyongyang à renoncer à son programme nucléaire.
"Il n'y aura jamais de solution amicale" avec la Corée du Nord "si cela se poursuit", a menacé le président américain, qui a déjà évoqué une action militaire contre ce pays.
Une accusation catégoriquement rejetée par Pékin, qui a qualifié ces informations d'"inexactes" et s'en est pris en termes à peine voilés au tweet de Donald Trump. "Faire du battage sans raison via les médias ne contribue pas au renforcement de la confiance mutuelle et de la coopération", a déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.
Mais les accusations du président Trump semblent corroborées par la Corée du Sud, qui a annoncé samedi avoir saisi le 24 novembre un navire hongkongais qui avait transféré des produits pétroliers sur un bateau nord-coréen en violation des sanctions.
Dans un premier temps, un responsable sud-coréen avait déclaré vendredi que le navire hongkongais n'avait été que brièvement arraisonné.
Le Lighthouse Winmore, affrété par une compagnie taïwanaise, a été confisqué le 24 novembre par les douanes sud-coréennes dans le port de Yeosu à la suite d'une inspection. "Depuis cette date, des inspecteurs viennent à bord et interrogent l'équipage", a déclaré samedi à l'AFP un responsable des douanes sud-coréennes.
Le Lighthouse Winmore a un équipage de 25 hommes dont 23 sont chinois et deux birmans, a indiqué un autre responsable sud-coréen.
Les responsables sud-coréens accusent le Lighthouse Winmore d'avoir transbordé le 19 octobre des produits pétroliers sur le navire nord-coréen Sam Jong 2 dans les eaux internationales.
"C'est un cas typique de la façon dont la Corée du Nord contourne sournoisement les sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU en utilisant ses réseaux illégaux", a déclaré aux journalistes un responsable du ministère sud-coréen des Affaires étrangères.
La porte-parole de Pékin a contesté ces informations en affirmant que le bateau en question n'avait pas mouillé dans des ports chinois depuis août.
Le Conseil de sécurité a multiplié ces dernières années les trains de sanctions pour contraindre Pyongyang à renoncer à ses programmes nucléaire et balistique.
Et en bannissant jeudi trois navires nord-coréens et un de Palau, selon une liste finale adoptée par l'ONU, l'exécutif onusien a en fait doublé le nombre de bateaux interdits de ports.
Quatre autres navires, battant pavillon des Comores, de Saint Kitts et Nevis, du Cambodge et de la Corée du Nord, avaient déjà été interdits de ports en octobre, une première dans l'histoire des Nations unies.
Une liste de dix navires avait été proposée à l'interdiction par les Etats-Unis, mais "seulement quatre navires ont été acceptés" par l'ONU, même si "la procédure reste ouverte" pour les autres bateaux, a indiqué à l'AFP un diplomate sous couvert d'anonymat.
Plusieurs sources diplomatiques ont indiqué que la Chine s'était opposée à l'inscription sur la liste noire des six autres navires proposés par les Etats-Unis.
En 2017, le Conseil de sécurité a imposé à l'unanimité trois séries de sanctions économiques à la Corée du Nord, toutes plus fortes les unes que les autres: le 5 août (fer, charbon, pêche...), le 11 septembre (textile, limitation de livraisons de pétrole) et le 22 décembre (produits pétroliers raffinés notamment).
(c) AFP