Pétrole: l'Opep prolonge ses quotas, malgré les tensions
La durée de la prolongation du pacte inédit conclu il y a un an sera de "neuf mois", à partir de mars prochain, a indiqué le ministre irakien du pétrole Jabbar Al-Luiebi, à l'issue d'une journée de réunion marathon au siège de l'organisation à Vienne.
L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial, a ainsi pu faire prévaloir sa position en dépit des frictions politiques au Moyen-Orient: le prince héritier saoudien avait qualifié fin novembre le guide suprême iranien de "nouvel Hitler", et le Qatar est toujours soumis à un blocus de ses voisins arabes.
Ce succès avait été possible car l'OPEP avait convaincu dix pays extérieurs au cartel, dont la Russie, de se joindre au plafonnement.
Un an après la conclusion de l'accord, le prince héritier Mohammed ben Salmane, nouvel homme fort de l'Arabie saoudite, ne peut se permettre de voir les cours flancher à nouveau s'il veut mener à bien ses projets de réforme, estiment les analystes.
Le baril de Brent, qui fait référence en dehors des Etats-Unis, évolue désormais au dessus des 60 dollars, après avoir plongé jusqu'à 26 dollars en février 2016.
L'Arabie saoudite veut "continuer à jouer un rôle moteur" dans la stratégie de plafonnement de production, avait commenté le ministre saoudien du pétrole jeudi matin, alors que son pays a abaissé ses extractions au-delà de l'objectif fixé pour compenser le manque de discipline d'autres pays.
Le diable dans les détails
Or Moscou semblait renâcler à s'engager sur une nouvelle prolongation de neuf mois, de peur de voir son concurrent américain, non tenu par l'accord et dynamisé par les gisements de pétrole de schiste, profiter du redressement des prix pour prendre des parts de marché.
Après plusieurs heures de réunion, les producteurs de l'OPEP ont donc arraché à leurs partenaires extérieurs au cartel un soutien à la poursuite du pacte.
Les détails du nouvel accord ne sont cependant pas encore connus.
Or, "tout va dépendre des détails (de l'annonce, ndlr), que ce soit la conférence de presse finale ou le communiqué, car la communication va être cruciale", a commenté Joseph McMonigle, analyste chez Hedgeye.
Il n'était pas exclu que l'OPEP demande à la Libye et au Nigeria, exemptées d'une limitation de leur production en raison des conflits qui déchirent ces pays, de se joindre à l'effort du groupe.
"Nous nous sommes volontairement limités à une production de 1,8 million de barils par jour maximum. Il n'y aura pas de baisse, je préfère le terme d'objectif à celui de baisse", a prévenu le ministre nigérian du Pétrole, Emmanuel Ibe Kachikwu.
A l'inverse, les difficultés de production de certains pays facilitent le rééquilibrage, comme au Venezuela, en proie à une grave crise économique et politique, où les volumes sont en chute libre.
Caracas, qui accuse les Etats-Unis de mener une "persécution financière" contre le Venezuela, a de nouveau menacé jeudi, par la voix de son nouveau ministre du Pétrole, Manuel Quevedo, d'arrêter de vendre du pétrole à Washington.
(c) AFP