Quotas de production: l'Opep tente de garder le soutien de la Russie
En dépit des fortes tensions politiques au Moyen-Orient, notamment entre l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, l'Iran et le Qatar, l'OPEP affiche un front uni, déterminée à maintenir les vannes fermées.
Les membres de l'organisation, réunis depuis le début de matinée à Vienne, semblent avoir adopté l'idée, portée par Ryad, de renouveler jusqu'à fin 2018 leur accord de limitation de production. Le ministre du pétrole du Koweït a ainsi assuré qu'il s'agissait de la seule option sur la table.
Dans la foulée, l'OPEP avait convaincu dix pays extérieurs au cartel, dont la Russie, de se joindre à ce plafonnement.
Or Moscou semble renâcler à s'engager sur une nouvelle prolongation de neuf mois, de peur de voir son concurrent américain, dynamisé par les gisements de pétrole de schiste, profiter du redressement des prix pour prendre des parts de marché.
"Afin d'accomplir nos objectifs et de rééquilibrer le marché, nous devons continuer de travailler de manière coordonnée", a affirmé le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak.
Le baril de Brent, qui fait référence en dehors des Etats-Unis, évolue désormais au dessus des 60 dollars, après avoir plongé jusqu'à 26 dollars en février 2016.
Après plusieurs heures de réunion interne aux quatorze membres de l'OPEP, les producteurs ont rejoint, en fin d'après-midi, leurs partenaires extérieurs au cartel en espérant arracher leur soutien à la poursuite du pacte.
Ryad "moteur" de l'accord
"Nous avons discuté de la situation actuelle du marché et des perspectives pour 2018, et délibéré sur une extension de l'accord actuel, qui vise à améliorer les conditions de marché", s'est contenté d'indiquer le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, après la réunion entre membres de l'OPEP.
L'Arabie Saoudite a ses propres préoccupations politiques à prendre en compte: le prince héritier Mohammed ben Salmane, nouvel homme fort de l'Arabie saoudite, ne peut se permettre de voir les cours flancher à nouveau s'il veut mener à bien ses projets de réforme, estiment les analystes.
L'Arabie saoudite veut ainsi "continuer à jouer un rôle moteur" dans la stratégie de plafonnement de production, avait commenté le ministre saoudien jeudi matin, alors que son pays a abaissé ses extractions au-delà de l'objectif fixé pour compenser le manque de discipline d'autres pays.
"Tout va dépendre des détails (de l'annonce, ndlr), que ce soit la conférence de presse finale ou le communiqué, car la communication va être cruciale", a commenté Joseph McMonigle, analyste chez Hedgeye.
Il n'est pas exclu que l'OPEP demande à la Libye et au Nigeria, exemptées d'une limitation de leur production en raison des conflits qui déchirent ces pays, de se joindre à l'effort du groupe.
"Nous nous sommes volontairement limités à une production de 1,8 million de barils par jour maximum. Il n'y aura pas de baisse, je préfère le terme d'objectif à celui de baisse", a prévenu le ministre nigérian du Pétrole, Emmanuel Ibe Kachikwu.
A l'inverse, les difficultés de production de certains pays facilitent le rééquilibrage, comme au Venezuela, en proie à une grave crise économique et politique, les volumes sont en chute libre.
Caracas, qui accuse les Etats-Unis de mener une "persécution financière" contre le Venezuela, a de nouveau menacé jeudi, par la voix de son nouveau ministre du Pétrole Manuel Quevedo, d'arrêter de vendre du pétrole à Washington.
(c) AFP