Pétrole: volonté de poursuivre le plafonnement, suspense sur la durée
Ryad n'a jamais fait mystère de son souhait d'obtenir le renouvellement de l'accord mais Moscou a soufflé le chaud et le froid, ces dernières semaines, provoquant la nervosité des marchés financiers.
Mercredi, le Comité ministériel de suivi de l'accord de limitation de la production de pétrole entre les pays de l'OPEP et ses partenaires non membres du cartel, dont la Russie, a formellement préconisé de poursuivre le contingentement, a indiqué le ministre russe du Pétrole Alexander Novak.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et dix autres producteurs extérieurs à l'OPEP se sont associés fin 2016 pour réduire la production mondiale dont la surabondance avait fait plonger les prix entre 2014 et 2016, favorisant une baisse des réserves mondiales et une hausse des prix.
La recommandation du comité de suivi devrait être adoptée jeudi par les quatorze pays membres de l'OPEP qui tiendront leur réunion semestrielle à Vienne. Mais le suspense reste entier sur la durée de prolongation pour laquelle ils opteront: six ou neuf mois.
Les ministres des quatorze pays de l'OPEP rencontreront dans la foulée jeudi leurs dix partenaires extérieurs au cartel.
Les cours du pétrole peinaient à accrocher un cap mercredi en fin d'échanges européens, dans un marché très volatil et attentiste.
Tensions géopolitiques
L'Arabie saoudite, qui plaide pour un renouvellement de neuf mois, jusqu'à la fin de l'année 2018, pourrait avoir à convaincre la Russie. Moscou craint que la hausse des cours du pétrole profite essentiellement aux entreprises américaines et pourrait souhaiter s'engager sur une durée plus courte.
"Demain (jeudi), il y aura l'ensemble des 24 pays. Mais je suis convaincu que tout se fera dans le sens des recommandations du comité et que le résultat sera positif", a-t-il assuré.
L'OPEP et ses partenaires recherchent encore "la bonne décision pour les marchés", avait pour sa part affirmé le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Suheil al-Mazrouei.
Entre les pays mêmes du cartel, les tensions sont élevées et la réunion a pour toile de fond des enjeux géopolitiques. Le prince héritier saoudien a ainsi qualifié fin novembre le Guide suprême iranien de "nouveau Hitler" et le Qatar est toujours soumis à un blocus de ses voisins arabes.
Fin 2016, l'Irak était un des membres du cartel les plus réticents à des baisses de production, mais Bagdad est maintenant favorable à une prolongation maximale: "Nous soutenons un renouvellement de neuf mois", a revendiqué mercredi le ministre irakien du Pétrole, Jabbar al-Louaïbi.
Le conflit entre le gouvernement fédéral irakien et les indépendantistes kurdes a fortement entamé la production nationale, ce qui a rendu le respect des baisses de production plus aisé pour l'Irak.
D'autres pays continuent cependant à dépasser les limites établies par l'accord.
"Je veux encourager les quelques pays qui ne respectent pas l'accord à faire un effort", a affirmé le ministre saoudien.
L'Arabie saoudite et la Russie représentent l'essentiel des baisses de production. A eux deux, les deux géants pétroliers ont fait reculer leur production de 784.000 barils par jour en octobre 2017 par rapport à octobre 2016, selon les données de l'AIE.
Le même mois, l'effort des 22 pays autres participant à l'accord s'est établi à 1,71 million de barils par jour.
(c) AFP