Projet pétrolier: des associations anticorruption menacent de poursuivre le gouvernement nigérian
Début mai, le secrétaire d'Etat au Pétrole, Emmanuel Ibe Kachikwu, avait annoncé que le géant pétrolier italien ENI et sa filiale nigériane Agip Oil Company, s'étaient engagés à investir 15 milliards de dollars pour réparer, agrandir et gérer la raffinerie de Port-Harcourt (sud-est).
Des associations de la société civile affirment que cette tractation s'est déroulée "sans appel d'offres, sans publicité ni concurrence, en violation flagrante de la loi", ont-elles dénoncé dans une lettre ouverte.
"Si les choses ne sont pas réglées, le gouvernement est sur le point de tomber dans les mêmes abysses de corruption du secteur pétrolier que ses prédécesseurs, qu'il a accusés pour les mêmes faits", dénonce la lettre ouverte.
Le président Muhammadu Buhari, à la tête depuis 2015 du Nigeria, première puissance pétrolière du continent africain, s'est engagé à faire de la lutte anticorruption une priorité de son mandat, et à assainir le secteur des hydrocarbures.
Fin mai, le Sénat a également annoncé avoir mis en place une commission parlementaire pour enquêter sur l'arrangement entre le gouvernement nigérian et ENI.
Contacté par l'AFP, ENI n'était pas disponible dans l'immédiat pour commenter cette lettre ouverte des associations.
Le Nigeria, géant de 190 millions d'habitants, souffre d'un manque crucial d'électricité qui représente un lourd handicap pour la bonne santé de son économie. En raison de capacités de raffinage limitées et de la déliquescence de ses infrastructures, le Nigeria est obligé d'exporter son pétrole avant d'importer des produits raffinés.
ENI et le groupe pétrolier britannique Shell sont actuellement inculpés en Italie sur des soupçons de corruption dans le cadre de l'attribution d'un bloc pétrolier offshore d'une valeur d'un milliard de dollars en 2011 au Nigeria. Fin avril, le gouvernement nigérian a annoncé qu'il ne se portait pas partie civile en vue du procès.