Pétrole: l'Opep veut prolonger ses quotas de production sans les intensifier
L'Arabie Saoudite, chef de file du cartel et premier exportateur mondial, semble d'ores et déjà écarter des baisses supplémentaires, selon les déclarations de son ministre de l'Energie devant des journalistes avant les réunions.
Dans une décision historique, les 13 membres du cartel s'étaient engagés en novembre 2016 à limiter leur production, entraînant dans ce mouvement 11 pays producteurs extérieurs à l'organisation, dont la Russie.
Le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, a indiqué, à l'ouverture de la réunion, qu'il y avait consensus pour estimer qu'une reconduction des quotas sur neuf mois "au même niveau de production" représente "l'option la plus sûre, presque certaine" pour permettre un rééquilibrage progressif.
"Les réserves mondiales seront ramenées à leur moyenne des cinq dernières années au premier trimestre 2018", a-t-il assuré, jugeant personnellement que le rééquilibrage aurait lieu plus tôt.
"De nombreux pays sont prêts à agir si c'était nécessaire, mais ce ne sera pas le cas. Les réserves mondiales commencent à reculer", a-t-il expliqué.
Seul changement à venir: le ministre saoudien a indiqué jeudi que la Guinée équatoriale, qui rejoint officiellement le cartel, allait participer aux baisses de production.
Depuis l'accord de fin 2016, le cours du baril s'est redressé, évoluant dans une fourchette entre 45 et 55 dollars à New York, alors qu'il était tombé jusqu'à 26 dollars en février 2016, une tendance que l'OPEP souhaiterait conforter.
Un accord russo-saoudien
La prolongation du pacte a été instiguée par l'Arabie Saoudite et la Russie, seuls pays avec les Etats-Unis à dépasser les 9 millions de barils par jour.
L'Irak avait dans un premier temps renâclé à une reconduction de plus de six mois, poussant Khaled al-Faleh à se rendre en début de semaine à Bagdad pour convaincre ses interlocuteurs.
Les marchés ont accueilli sans enthousiasme jeudi les propos du ministre saoudien.
Les cours du brut, qui évoluaient en petite hausse auparavant, sont montés à de nouveaux plus hauts en un mois alors que les ministres s'exprimaient à leur arrivée (54,67 dollars le baril pour le Brent et 52,00 dollars le baril pour le WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie.) avant de perdre près de 2 dollars en quelques minutes puis de remonter pour atteindre 53,75 dollars pour le Brent et 51,08 dollars pour le WTI à 09H30 GMT (11H30 à Paris).
"Une prolongation des baisses encouragerait la production américaine de pétrole de schiste. D'ailleurs, l'OPEP elle-même a dû revoir à la hausse ses prévisions de production américaine quatre fois", ont rappelé les analystes de Capital Economics dans une note parue avant la réunion.
Le pétrole de schiste profite d'un cycle de production plus court et les entreprises américaines profitent des hausses de prix créées par les baisses de l'OPEP pour extraire à plein régime.
En 2014, l'OPEP avait opté pour une stratégie risquée consistant à inonder le marché d'or noir pour évincer ses concurrents, notamment américains. Mais cette politique avait provoqué une dégringolade spectaculaire des prix, sans durablement affaiblir les producteurs de pétrole de schiste.
Acculées en raison de la saignée budgétaire causée par la baisse des cours, les pétromonarchies et la Russie avaient décidé de fermer les vannes. L'accord de fin 2016 porte sur une baisse globale de 1,8 million de barils par jour.
(c) AFP