Pétrole: l'Opep va prolonger son effort de baisse de production
Dans une décision historique, les treize membres du cartel mené par l'Arabie Saoudite s'étaient engagés en novembre 2016 à limiter leur production, entraînant dans ce mouvement onze pays producteurs extérieurs à l'organisation, dont la Russie.
Depuis l'accord, le baril évolue dans une fourchette comprise en 45 et 55 dollars à New York, alors qu'il était tombé jusqu'à 26 dollars en février 2016, mais sans certitude pour l'avenir.
Selon le comité de suivi de cet accord, qui a fait le point mercredi à Vienne, les engagements de production des pays OPEP et non OPEP ont été respectés à plus de 100% en avril, mais il recommande de prolonger les quotas pour une durée neuf mois afin d'atteindre le rééquilibrage désiré. Ce sera l'objet des réunions de jeudi dans la capitale autrichienne.
Un accord russo-saoudien
Cette prolongation a été mise sur la table par l'Arabie Saoudite et la Russie, poids lourds du secteurs, seuls pays avec les Etats-Unis à dépasser les 9 millions de barils par jour.
Aucun des producteurs engagés dans l'accord, inquiets de l'instabilité des prix du baril, ne s'oppose publiquement à ce projet.
"Nous sommes très content de limiter notre production pour neuf mois supplémentaires", a affirmé mercredi Jabbar al-Luaibi, ministre irakien du Pétrole, devant des journalistes à Vienne.
Les marchés espèrent plus
Mais les marchés restent prudents sur l'efficacité d'une nouvelle limitation de production dans un contexte de réserves mondiales gonflées par la production américaine d'huiles de schiste.
"Une prolongation des baisses encouragerait la production américaine de pétrole de schiste. D'ailleurs, l'OPEP elle-même a dû revoir à la hausse ses prévisions de production américaine quatre fois", ont rappelé les analystes de Capital Economics dans une note. Ils estiment cependant qu'un nouvel effort de l'OPEP permettrait, à fin 2017, de ramener les réserves mondiales à leur moyenne des cinq dernières années.
Le pétrole de schiste profite d'un cycle de production plus court, et les entreprises américaines sautent sur les hausses de prix créées par les baisses de l'OPEP pour extraire à plein régime.
Les analystes de PVM n'excluent pas, à l'issue de la réunion de Vienne, "une surprise positive pour les prix, comme des objectifs de réduction plus élevé" si davantage de producteurs se joignaient à l'accord.
Au premier semestre, la Libye et le Nigeria avaient ainsi été exemptés d'une limitation, les perturbations géopolitiques entravant déjà leur capacité pétrolière.
"Il n'y a rien de nouveau les concernant dans l'accord (tel que discuté actuellement, ndlr)", a cependant affirmé à l'AFP le ministre équatorien des Hydrocarbures, Carlos Pérez, tablant sur une reconduction de l'exonération dont bénéficient ces pays.
Acculées en raison de la saignée budgétaire causée par la baisse des cours, les pétromonarchies et la Russie avaient décidé de fermer les vannes. L'accord de fin 2016 porte sur une baisse globale de 1,8 millions de barils par jour.
(c) AFP