La production de pétrole de schiste, obstacle pour l'Opep
Alors que le cartel doit décider fin mai d'une possible extension, voire d'un renforcement, de ses plafonds de production, tous les voyants sont au vert pour une accélération des extractions américaines, entre un prix du baril qui s'est un peu redressé et des coûts qui ont baissé dans le schiste.
Depuis novembre le baril, relancé par l'OPEP, évolue dans une fourchette comprise en 45 et 55 dollars à New York, alors qu'il était tombé jusqu'à 26 dollars en février 2016. Cela joue particulièrement sur le pétrole de schiste, qui représente plus de la moitié des extractions américaines et tire toute la production.
Le secteur est composé d'une multitude de compagnies, forant des puits de taille modeste, ce qui rend la production de pétrole de schiste plus souple que les grands projets en pleine mer (off-shore), dont le développement prend plusieurs années.
Depuis un coup de mou en 2016, la production américaine totale a déjà repris plus de 850'000 barils par jour (bj) pour atteindre 9,305 millions de bj à la mi-mai 2017. Le record de 9,604 mb/j en plein boom du pétrole de schiste, semble désormais à portée de main.
En plus de sa réactivité intrinsèque, le secteur du schiste américain s'est profondément transformé pendant sa traversée du désert à la suite de la dégringolade des cours du brut.
Face à une demande alors faible, les opérateurs ont drastiquement réduit leurs coûts et la productivité a augmenté, rendant l'exploitation de certaines réserves de nouveau rentable.
Les experts s'accordent à dire que le seuil de rentabilité a baissé de plus d'un tiers en deux ans selon les régions et, d'après Reed Olmstead de IHS Markit, il devrait s'établir en moyenne entre 43 et 45 dollars pour les puits forés cette année.
Dans le bassin Permien, "un puits foré aujourd'hui produit environ deux fois plus que le même puits à la fin 2014", a continué Reed Olmstead.
Au niveau national, le nombre de puits en activité, un indicateur avancé de la production, a doublé sur un an, progressant à un rythme jamais vu en 30 ans. "Les Etats-Unis sont sur la voie d'une offre en forte hausse l'an prochain, avec potentiellement un million de barils jour de plus", estime Martijn Rats de la banque Morgan Stanley dans une note récente.
A un horizon plus lointain, la production dépendra largement de l'évolution des cours du brut. "Entre 45 et 55 dollars, pour chaque dollar de gagné sur le prix du WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie., vous débloquez environ 1,2 milliard de barils de réserves qui sont commercialement exploitables", a expliqué Ben Shattuck.
Le schiste américain pourrait par ailleurs être victime de son propre succès avec des ressources en hommes et en matériels (engins de forage notamment) limitées, l'évolution des coûts reste la grande inconnue.
La rentabilité commence déjà à souffrir d'"une progression raide des coûts de certains segments des services (pétroliers)", a indiqué Artem Abramov de Rystad Energy à l'AFP citant par exemple le prix des agents injectés lors de la fracturation hydraulique.
(c) AFP