Pétrole: l'AIE met en garde contre un possible choc pétrolier
"Il est nécessaire d'investir davantage dans les capacités de production pétrolière pour éviter le risque d'une forte hausse des prix du pétrole vers la fin de la période examinée", a indiqué l'AIE dans son rapport sur le marché du pétrole à cinq ans, renouvelant un avertissement déjà exprimé en novembre dernier.
Le secteur pétrolier a drastiquement réduit ses investissements, annulant ou reportant des projets, pour faire face à la chute des cours du brut qui vaut actuellement moitié moins qu'à l'été 2014, après une remontée autour de 55 dollars le baril depuis la conclusion l'automne dernier d'un accord de limitation de la production par l'OPEP et onze pays partenaires.
Avec la stabilisation des cours, "une hausse marginale" des dépenses est attendue cette année dans le monde, portée essentiellement par le redémarrage des projets d'hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis et les budgets revus en hausse de certains géants pétrogaziers comme l'américain ExxonMobil. Mais cela reste insuffisant.
"A moins que de nouveaux projets soient sanctionnés rapidement, l'offre n'augmentera quasiment plus à partir de 2020", a mis en garde le bras énergétique des pays développés de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
Ralentissement chinois
Dans le détail, la production devrait croître de 5,6 millions de barils par jour (mbj) jusqu'en 2022, dont 60% en provenance des pays non membres de l'OPEP. Parmi ces derniers, les Etats-Unis constitueront la principale source de hausse sur la période (+1,6 mbj dont 1,4 mbj pour les seuls hydrocarbures de schiste grâce à des améliorations en termes de coûts et de productivité), suivis par le Brésil (+1,1 mbj) et le Canada (+0,8 mbj).
Dans le même temps, la demande d'or noir sera "relativement robuste", stimulée par l'accélération de la croissance économique mondiale.
L'AIE, qui n'entrevoit pas de pic de consommation à moyen terme, l'anticipe en hausse moyenne de 1,2 mbj par an entre 2016 et 2022, soit une augmentation totale à 7,3 mbj à 103,8 mbj.
Alors que la zone OCDE marquera le pas (-1,2 mbj), les pays émergents concentreront la totalité de la hausse (+8,5 mbj) et représenteront au final 56% de la consommation mondiale, avec l'Asie pour principal moteur.
L'Inde, en particulier, aura le vent en poupe et supplantera la Chine comme première zone de croissance. En effet, la demande chinoise ralentira (+2,4% par an en moyenne contre +5,5% annuels pour la période 2011-2016), l'économie du pays s'axant de plus en plus sur les services au détriment d'une industrie lourde très énergivore.
(c) AFP