Petrobras: les procureurs menacent de démissionner face aux intimidations du Parlement
Les procureurs dénoncent un projet de loi qui permettrait de les accuser d'abus d'autorité dans l'exercice de leurs fonctions, visant selon eux à les museler pour instaurer une dictature de la corruption.
Nous démissionnerons collectivement si cette proposition d'intimidation des juges et procureurs était votée et promulguée par le président du Brésil Michel Temer, a déclaré le procureur Carlos dos Santos lors d'une conférence de presse collective à Curitiba (sud) où l'enquête PetroBras est centralisée.
La réaction outrée des procureurs de Curitiba est intervenue quelques heures après l'approbation mercredi à l'aube par les députés d'un projet de loi de lutte contre la corruption élaboré à l'origine par leurs soins et appuyé par deux millions de signature, mais qui a été dénaturé par de nombreux amendements.
Les députés ont en particulier ajouté un amendement prévoyant de punir de deux ans d'emprisonnement les abus d'autorité des procureurs et juges dans l'exercice de leurs fonctions.
Le procureur Dalagnol a dénoncé ces manoeuvres intervenant au moment où les enquêteurs se rapprochent des cercles du pouvoir. L'objectif de stopper l'hémorragie. Il existe un évident conflit d'intérêt entre ce que veut la société et ce que le parlement veut, une dictatures de la corruption, a-t-il lancé.
L'enquête sur les détournement de fonds de PetroBras a mis à jour un vaste système de corruption autour du géant étatique pétrolier brésilien qui fait trembler toute la classe politique brésilienne sur ses bases.
Les marchés de sous-traitance octroyés par PetroBras aux plus grands groupes de BTP du pays était systématiquement surfacturés de 1 à 5% avec la complicité de dirigeants de l'entreprise nommés par les principaux partis de l'ancienne coalition au pouvoir, dont le PMDB de l'actuel président Michel Temer.
PetroBras a évalué en 2014 à deux milliards de dollars ses pertes liées à ces opérations frauduleuses. Les enquêteurs chiffrent pour leur part le préjudice total à environ 12 milliards de dollars au taux actuel.
(c) AFP