La Russie renfloue son budget en vendant le pétrolier Bachneft à Rosneft
La vente, pour 4,7 milliards d'euros, de 50,07% du capital du sixième producteur russe de pétrole à Rosneft a été finalisée et toute la somme (...) sera versée au budget, a annoncé le ministre de l'Economie Alexeï Oulioukaïev dans un communiqué.
Il s'agit de la plus grosse cession d'actifs réalisée cette année par le gouvernement confronté à l'effondrement des prix des hydrocarbures (la moitié des revenus du budget pendant les années fastes), mais aussi à des dépenses militaires importantes liées en particulier à l'intervention en Syrie.
L'opération a eu lieu dans la douleur. La candidature de Rosneft a été d'abord critiquée par le gouvernement et le Kremlin, qui n'avaient pas prévu l'hypothèse d'une privatisation au profit d'un groupe détenu à majorité par l'Etat.
En théorie, le plan de privatisations ne vise pas seulement à dégager des sommes pour le budget mais aussi à renforcer le secteur privé, encourager la concurrence et moderniser les entreprises concernées.
- Mieux offrant
L'entêtement du patron de Rosneft, Igor Setchine, proche influent de Vladimir Poutine, a conduit à la suspension du processus de vente... finalement relancé début septembre et conclu en un temps record au profit du géant public.
Interpellé sur la question lors d'un forum économique mercredi, le président russe a justifié la décision: d'une part Rosneft, avec des actionnaires minoritaires privés dont le britannique BP, n'est pas sur le papier un conglomérat public. Mais surtout, le groupe a proposé le prix le plus élevé, au-dessus du prix du marché.
Autre avantage: Rosneft va voir sa propre valeur augmenter avec ce rachat, une bonne nouvelle pour l'Etat qui espère vendre 19,5% de son capital d'ici à la fin de l'année avant de boucler son budget.
Selon le ministère de l'Economie, l'opération est d'autant plus intéressante financièrement que les rentables raffineries de Bachneft traitent déjà une partie de la production de Rosneft, d'où de vastes économies d'échelles pouvant atteindre 2,5 milliards d'euros.
Le porte-parole de Rosneft Mikhaïl Leontiev a assuré à l'agence Ria Novosti que le rapprochement avec Bachneft ne poserait aucun problème, car le groupe dispose d'une expérience colossale en termes d'intégration d'importants actifs.
- Rigueur
Pour les experts du centre d'analyse Eurasia Group, la vente de Bachneft à Rosneft montre que la vague de privatisations vise à trouver des fonds et pas à libéraliser le secteur pétrolier.
Malgré la vente de participations dans le producteur de diamants Alrosa en juillet, Bachneft désormais et Rosneft en fin d'année, le déficit pour 2016 vient d'être revu à la hausse à 3,7% du PIB.
L'an prochain, le ministère des Finances le prévoit à 3,2%, soit une nouvelle fois au delà de l'objectif de 3% fixé par Vladimir Poutine, arrivé au Kremlin peu après l'humiliant défaut de paiement de la Russie sur sa dette extérieure en 1998.
La stratégie du gouvernement consiste à réduire au maximum les dépenses, avec des suppressions d'effectifs dans les services publics, mais cette rigueur risque d'entraver la reprise qui se dessine après deux ans de récession.
(c) AFP