En pleine récession économique, le Nigeria poursuit les grands groupes pétroliers en justice
Ce premier procès concerne les exportations non déclarées, faites par Total E&P Nigeria Limited, Nigeria Agip Oil Company et Chevron vers les Etats-Unis, pour une somme de 12,7 milliards de dollars (57 millions de barils), selon le gouvernement nigérian.
L'audience de ce matin s'est surtout concentrée sur les demandes de non-lieu de Total et de Chevron, a expliqué Maître Fabian Ajogwu, avocat du gouvernement d'Abuja, précisant que ces deux requêtes avaient été rejetées par le juge.
En juillet dernier, le président Muhammadu Buhari, fraîchement élu sur la promesse d'éradiquer la corruption endémique du pays, avait interdit à 113 tankers l'acccès aux eaux territoriales nigérianes, les accusant d'exporter du pétrole non-déclaré.
Son gouvernement a ensuite mandaté des sociétés d'audit américaines pour comparer le nombre de barils déclarés à l'exportation des côtes nigérianes avec les quantités déclarées à l'importation dans les ports américains, chinois et norvégiens.
L'enquête a conclu que la baisse (remarquée dans les revenus de l'Etat) était en grande partie due à la non-déclaration ou la sous-évalutaion des exportations de brut par les plus grandes compagnies d'hydrocarbures qui opèrent au Nigeria, indiquent les documents produits par l'accusation.
La justice se concentre dans un premier temps sur les exportations illégales de 57 millions de barils vers les Etats-Unis et qui concernent Total, Eni Agip et Chevron.
Shell doit également comparaître dans les semaines à venir, ainsi que 11 autres compagnies que le gouvernement n'a pas encore identifiées.
Ces attaques répétées sur les installations off-shore ou sur les pipelines stratégiques, ont entraîné le pays dans une grave crise économique, accentuée par la chute du prix du baril de pétrole, sachant que les revenus du pétrole représentent 75% des recettes de l'Etat.