Prudence générale après l'accord surprise à l'Opep pour baisser la production
Vers 15H20 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait 48,90 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 0,21 cents (+0,47%), tandis que le baril de light sweet crude (WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie.) gagnait 0,79%, ou 0,37 cents à 47,42 dollars.
A la Bourse, les valeurs pétrolières étaient nettement à la hausse comme le français Total qui gagnait un peu moins de 4%, tout comme le britannique BP, tandis que Royal Dutch Shell progressait de plus de 6%.
Logiquement, les entreprises consommatrices étaient en recul, comme celles du transport aérien (Air France -1,83%, British Airways -1,45%, Lufthansa -2,97%).
Après six heures de réunion et des semaines de tractations, l'OPEP a décidé de ramener sa production à un niveau de 32,5 à 33 millions de barils par jour, contre 33,47 mbj en août.
- Prudence américaine -
Il s'agit de la plus importante limitation depuis celle décidée durant la crise de 2008, quand le baril était passé de près de 150 dollars à près de 40.L'initiative de l'OPEP est un développement important pour le marché pétrolier. Il est trop tôt pour dire si cet accord (...) aura un impact sur l'équilibre du marché où l'offre est surabondante par rapport à la demande, a commenté l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui représentent les pays industrialisés consommateurs de pétrole.
Même prudence aux Etats-Unis, du côté des producteurs de pétrole de schiste. Ce sont eux qui ont largement contribué à innonder le marché de pétrole au grand dam de l'OPEP depuis 2014.
Et c'est pour essayer de leur casser les reins que l'Arabie saoudite a tout fait jusqu'ici pour résister à toute réduction de production afin de maintenir des prix bas et les éjecter hors du marché, leurs coûts de production nécessitant un baril plus cher pour être rentable.
La décision de l'OPEP peut créer une hausse des prix sur le court terme mais la hausse devra être durable sur le long terme pour qu'elle conduise à une augmentation des investissements et des nouveaux projets aux Etats-Unis, a déclaré à l'AFP Jeffrey Eshelman, porte-parole de l'organisation américaine IPAA, qui regroupe des entreprises du secteur.
D'une manière générale, plusieurs inconnues planent encore sur cet accord aux yeux des analystes, notamment sur les modalités d'application.
Il est réellement difficile de crier victoire après la décision (que certains qualifient déjà d'historique) de l'OPEP d'hier soir (mercredi), estimaient jeudi matin les analystes de Mirabaud Securities.
- Même dilemme qu'en 2014 -
Les décisions concrètes sur les objectifs de production de chacun de ses membres doivent encore être déterminées lors du sommet semestriel de l'OPEP, qui produit environ 40% du brut mondial, le 30 novembre à Vienne.
Un facteur important sera l'attitude de la Russie, un des principaux exportateurs mondiaux de brut, qui ne fait pas partie de l'OPEP mais a déjà dit qu'elle était pour un gel de la production au niveau record atteint en septembre de cette année, tout en estimant qu'un prix juste du baril devrait se situer entre 50 et 60 dollars.
Il y a eu une décision très positive hier, a affirmé le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak, selon des propos retransmis à la télévision, ajoutant que cet accord aiderait à réduire la volatilité des prix mais que la Russie ne comptait pas produire moins.
Tout dépendra de la situation macroéconomique et des plans des compagnies, mais nous nous concentrons sur le maintien des niveaux de production actuels, a déclaré le responsable russe, précisant qu'il s'agit là d'un principe de base qui a déjà été discuté.
Au total, face à la production extérieure au cartel, l'OPEP pourrait donc se retrouver face au même dilemme qu'en 2014 (quand elle a dû se résoudre à laisser plonger les prix pour préserver ses parts de marché, ndlr) et dans ce cas, les consommateurs devraient bénéficier d'un pétrole bon marché pour un certain temps, selon les analystes de Commerzbank.
Enfin, cela reste très théorique, car dans les faits, nous sommes assez confiants sur le fait que les pays de l'OPEP ne vont pas respecter l'accord.
(c) AFP