Accord de l'Opep: décision historique ou manière de sauver la face ?
Comment l'accord a pu être conclu ?
Pour parvenir à un accord qui stabiliserait la production des pays de l'OPEP entre 32,5 et 33 millions de barils par jour, contre 33,47 mbj en août, selon les chiffres de l'Agence internationale de l'Energie (AIE), l'Iran a accepté de geler sa production légèrement en deçà de l'objectif affiché jusqu'à présent, tandis que l'Arabie saoudite devra légèrement abaisser sa production.
L'Iran, qui a relancé ses exportations l'année dernière après la levée des sanctions internationales, refusait jusque-là de geler sa production, tandis que l'Arabie saoudite refusait de céder des parts de marché à son rival géopolitique.
Cependant, Morgan Stanley souligne que la baisse de production aurait eu lieu quoi qu'il advienne. La production saoudienne diminue chaque année à la même période, et la baisse proposée est seulement légèrement supérieure à celle observée en 2015, rappellent ses analystes.
Quelle réaction des marchés ?
Si les cours du pétrole ont fortement grimpé mercredi, ils se sont stabilisés jeudi, dans l'attente de plus de détails sur l'accord.
Ce dernier ne sera pas acté dans l'immédiat, et les marchés se tournent désormais vers la réunion de l'OPEP à Vienne, fin novembre, pour découvrir les actions qui seront prises.
Les membres de l'OPEP, à l'origine de 40% de la production mondiale seulement, doivent également compter sur les autres producteurs.
Il va falloir persuader des pays comme la Russie, qui n'a pas participé à la réunion, de s'y joindre. Je leur souhaite bonne chance, a tranché Michael Hewson, de CMC Markets.
Même à l'intérieur de l'OPEP, des tensions sur le niveau de production de chacun des 14 membres pourraient voir le jour.
Quelles conséquences pour l'économie mondiale ?
Vu les incertitudes qui entourent l'accord, les analystes peinent à se prononcer sur l'impact qu'il pourrait avoir sur le reste de l'économie.
Selon Morgan Stanley, une telle limitation ne permettra pas de retrouver l'équilibre entre l'offre et la demande dès le début 2017.
La chute des prix depuis 2014 a profité au consommateur, mais nous pensons que c'est un argent qu'il a dépensé, et il pourrait avoir des difficultés si les prix grimpaient soudainement, a prévenu Jeremy Cook, économiste chez Worldfirst.
Selon lui, une hausse des prix pourrait entraîner une hausse de l'inflation, mais il ne serait pas temps pour les banques centrales de crier victoire, même si elles cherchent désespérément à faire grimper le niveau général des prix pour éviter la déflation.
Les banquiers centraux veulent que l'inflation soit tirée vers le haut par une augmentation des salaires, pas par les prix des matières premières, a-t-il rappelé.
(c) AFP