L'Opep toujours divisée avant sa réunion informelle à Alger
Un accord sur un gel de la production accepté par tout le monde, ce serait une surprise, estime Didier Houssin, président de l'organisme de recherche IFPEN. Les analystes s'attendent plus à un propos un peu lénifiant sur la nécessité de continuer à suivre le marché (...) et de stabiliser la production. Sans mesures contraignantes, sans quotas spécifiques.
Les cours ne feraient alors que sursauter, comme lors de l'annonce, début septembre, d'une coopération entre l'Arabie saoudite et la Russie (non OPEP) pour stabiliser le marché.
Le secrétaire général du cartel, le Nigérian Mohammed Barkindo, a lui-même refroidi les attentes: la réunion prévue le 28 septembre en marge du Forum international de l'énergie (IEF) sera une simple rencontre de concertation.
- Rivalités
La Russie et l'OPEP, dont les économies ont payé un lourd tribut à l'effondrement des cours, avaient échoué en avril, à Doha, à convenir d'un gel concerté de leur production faute d'accord entre Ryad et Téhéran.
Certes, le contexte semble aujourd'hui plus favorable à un consensus. L'Arabie saoudite et la Russie - également présente à Alger - pompent à des niveaux inédits ou quasi record, ce qui faciliterait l'acceptation d'un plafonnement.
L'Iran a quelque peu assoupli sa position: sa production, évaluée à 3,6 mbj en août par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), approche du niveau d'avant les sanctions internationales (4 mbj) que la République islamique ambitionne de retrouver, et l'augmenter encore rapidement s'avère plus compliqué faute d'investissements.
En tout, d'après l'AIE, l'OPEP a produit 33,47 mbj le mois dernier - un bond de 930.000 bj en un an et environ un tiers de la production mondiale.
Selon Bloomberg, Ryad s'est dit prêt à réduire sa production à condition que Téhéran gèle sa production à son niveau actuel, mais cette concession qui alimente les spéculations sur le marché pourrait se heurter aux rivalités qui demeurent vives au sein du cartel.
La Libye et le Nigeria sont réticents à une limitation de la production: fragilisés par des conflits internes, ces deux pays pompent très en deçà de leurs capacités. Tripoli vient d'ailleurs de reprendre ses exportations d'or noir.
Moscou juge réaliste une éventuelle réduction de 5% de sa production. Mais, tempère Pierre Terzian, directeur de la revue Pétrostratégies, on n'a jamais vu les Russes, jusqu'à présent, réduire ou geler leur production. Ils le déclarent, mais est-ce qu'ils le feront'.
- Une balle dans le pied
Pour Ryad, une remontée trop prononcée des cours reviendrait pourtant à se tirer une balle dans le pied: cela stimulerait la production des Etats-Unis qui, après un coup de frein dû à la faiblesse des cours, s'adapte au nouvel environnement de prix grâce à des innovations technologiques.
Si vous coupez, les prix remontent, vous en profiterez un peu mais d'autres en profiteront plus que vous, résume l'analyste pétrolier Thierry Bros.
Malgré tout, le ministre algérien de l'Energie, Noureddine Boutarfa, affiche son optimisme, soulignant que l'OPEP pourrait convoquer une réunion extraordinaire séance tenante à Alger pour permettre une prise de décision. L'OPEP est condamnée à prendre une décision pour stabiliser le marché, selon lui.
(c) AFP