L'émirat de Foujeirah veut s'imposer comme plateforme pétrolière vers l'Asie
Adossée au rocailleux mont Hajar et tournée vers la mer d'Oman, la ville de Foujeirah, capitale de l'émirat du même nom, est articulée autour de son port, dont le terminal pétrolier et les installations de stockage de brut ne cessent de grandir. En 2015, le terminal a traité 56 millions de tonnes de produits pétroliers.
Le port de Foujeirah bénéficie d'un avantage stratégique clé: situé sur la mer d'Oman, il permet aux Emirats d'exporter la majeure partie de leur production pétrolière en évitant le détroit d'Ormuz que l'Iran menace régulièrement de fermer en cas de conflit majeur avec les pays de la région.
Déterminé à tirer parti de cet avantage stratégique qui lui ouvre une fenêtre directe et sûre notamment vers l'Asie et l'Afrique, l'émirat de Foujeirah a renforcé son terminal pétrolier en inaugurant mercredi un premier quai pour supertankers, ces gigantesques navires d'une capacité de 300.000 tonnes de port en lourd.
Nous sommes déterminés à inscrire le nom de Foujeirah et des Emirats arabes unis sur la carte des échanges pétroliers au niveau de la région et du monde, a déclaré à l'occasion le chef du département de l'industrie et de l'économie de l'émirat, cheikh Saleh ben Mohammed Al-Chargui.
- 'Déplacer la montagne'
Pour accueillir ces pétroliers, véritables géants des mers, Foujeirah n'a pas hésité à déplacer la montagne, relève un responsable du port.
Il a en effet fallu chercher 22 millions de tonnes de rochers pour les immerger et créer la nouvelle jetée en gagnant du terrain sur la mer.
Inaugurant la nouvelle jetée, le super pétrolier Kelly s'est amarré à quai en faisant hurler ses sirènes.
Coût de l'investissement: 650 millions de dirhams (158 millions d'euros).
Ce quai pour supertankers s'ajoute aux capacités de stockage de brut développées à Foujeirah, un autre atout majeur de cet émirat.
Le port de Foujeirah est cerné de centaines de réservoirs géants.
La capacité de stockage est passée de 550.000 tonnes en 1994 à 10 millions de tonnes aujourd'hui, a indiqué M. Mourad. De huit réservoirs, le port de Foujeirah en compte actuellement 338, a-t-il ajouté.
La capacité d'avitaillement est quant à elle passée de deux millions de tonnes à 24 millions de tonnes par an.
Le développement du port de Foujeirah n'aurait pas été possible sans l'oléoduc d'une capacité de 1,8 million de barils par jour inauguré en 2012.
Long de 360 km, il relie Foujeirah aux champs pétrolifères de Habchane du principal producteur du pays qu'est l'émirat d'Abou Dhabi. Les Emirats arabes unis, pays membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) produisent quelque 2,5 millions de barils par jour.
Les responsables du port de Foujeirah affirment que le développement de l'installation ne s'arrêtera pas là et disent parier sur la demande des géants asiatiques que sont l'Inde et la Chine et sur la diversification de l'offre de services comme le soutage.
Poumon économique de cet émirat peu peuplé --quelque 200.000 habitants-- et dirigé par Cheikh Hamad ben Mohammed Al-Chargui, le port se veut aussi un des outils de la diversification économique.
(c) AFP