Pétrole: le marché garde la tête froide malgré l'engagement russo-saoudien
Six mois après l'échec des pourparlers de Doha, le ministre russe de l'Énergie Alexandre Novak et son homologue saoudien Khaled al-Faleh ont signé une déclaration commune en marge du sommet du G20 en Chine, soulignant l'importance d'un dialogue constructif et d'une coopération étroite entre les principaux pays exportateurs afin de soutenir la stabilité sur le marché du pétrole et garantir un niveau constant d'investissements sur le long terme.
Dès dimanche, le président russe Vladimir Poutine et le vice-prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane avaient prôné une coopération renforcée, notamment dans le domaine pétrolier, entre leurs deux pays, les plus gros producteurs mondiaux de brut.
Il n'y a eu aucun plan ou du moins aucune indication immédiate que cette déclaration allait conduire à une baisse de la production pétrolière, ce qui de nouveau a rendu les investisseurs perplexes, nombre d'entre eux se demandant ce que ces annonces signifiaient réellement, a expliqué à l'AFP Jameel Ahmad, analyste chez FXTM.
Ryad, le chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), et Moscou, qui ne fait pas partie du cartel, ont notamment annoncé la création d'un groupe de travail chargé de présenter des recommandations concernant les mesures et les actions communes à prendre pour garantir la stabilité et la prédictibilité du marché.
Mais à trois semaines d'une réunion informelle des 14 pays de l'OPEP en marge d'un forum énergétique à Alger, cette reprise du dialogue russo-saoudien apparaissait à beaucoup d'analystes comme particulièrement opportuniste, sans que cela ne préjuge d'une quelconque action concrète le jour venu.
- Déclarations de bonne intention ?
Il faut toujours se méfier des annonces qui sont faites à l'occasion du G20 car ce sont bien souvent des déclarations de bonne intention, et ça pourrait être le cas à propos de cet accord entre l'Arabie saoudite et la Russie, a prévenu Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.
Fidèle à une ligne défendue de longue date, Khaled al-Faleh a d'ailleurs répété lundi qu'un gel de la production n'était actuellement pas nécessaire car la situation du marché s'améliore de jour en jour comme en témoigne (l'évolution des) prix.
Il pourrait donc y avoir un désaccord sur le fond entre les deux géants du pétrole sur l'opportunité d'un gel de la production de brut, dont la surabondance mine le marché depuis plus de deux ans. Cette perspective paraît en outre d'autant plus compromise que l'Iran n'a de cesse de répéter qu'il ne consentira à un gel de sa production qu'une fois retrouvés ses niveaux d'avant les sanctions occidentales, qu'il pourrait atteindre d'ici deux à trois mois.
Il ne faut certainement pas prêter trop attention pour le moment à cette annonce (russo-saoudienne), son impact sur les cours sera probablement de très courte durée, a jugé M. Dembik, soulignant que le mieux pour les investisseurs était d'attendre l'issue de la réunion prévue courant octobre entre les deux pays avant de tirer des conclusions hâtives.
Alexandre Novak doit en effet rencontrer de nouveau son homologue saoudien à Alger mais aussi le mois prochain à l'occasion d'une réunion bilatérale et lors du sommet de l'OPEP prévu en novembre à Vienne.
(c) AFP