Incertitudes sur un accord pétrolier à Doha
Les analystes sont divisés sur les résultats à attendre, qui pourraient tout aussi bien renvoyer les prix à la hausse ou provoquer de nouveau leur effondrement.
La réunion fera le suivi d'un accord de principe sur un gel de la production aux niveaux de janvier, convenu le 16 février à Doha entre l'Arabie saoudite, la Russie, le Qatar et le Venezuela.
De son côté, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a prévenu, avant la réunion devant regrouper des pays membres et non-membres du cartel, que l'offre excédentaire pourrait encore s'accentuer.
L'OPEP a aussi révisé à la baisse ses prévisions de croissance de la demande mondiale cette année et pourrait les réduire davantage.
La chute d'environ 60% des cours du brut depuis juin 2014 a été causée par une surabondance de l'offre, consécutive à une forte augmentation de la production de pétrole non conventionnel, dont le pétrole de schiste américain, et au rejet par l'OPEP en novembre 2014 d'une réduction de la production.
Les pays exportateurs ont en conséquence perdu des centaines de milliards de dollars et accusé des déficits budgétaires qui ont conduit à des mesures d'austérité, notamment dans le Golfe.
- La question de l'Iran
Le sentiment général, c'est qu'un accord sera conclu à Doha pour geler la production aux niveaux de janvier, dit à l'AFP Fawad Razaqzada, analyste chez City Index.
(Il) donnera vraisemblablement aux prix une impulsion supplémentaire à court terme, a-t-il ajouté.
Mais les obstacles persisteront.
L'Arabie saoudite, qui pompait en mars 10,1 millions de barils par jour (mbj), a souligné qu'elle ne gèlerait sa production que si l'Iran en faisait autant.
Téhéran, à peine débarrassée des sanctions occidentales, cherchera à obtenir une dérogation jusqu'à ce que sa production atteigne quelque 4 mbj, son niveau d'avant les sanctions.
Nous ne voyons pas l'Arabie saoudite geler sa production et accepter des augmentations significatives de la part d'autres producteurs, estime auprès de l'AFP Fahad al-Turki, de la firme saoudienne Jadwa Investment.
En revanche, un accord à Doha pourrait rétablir la confiance entre les principaux producteurs et ouvrir la voie à des réductions de la production à l'avenir, selon lui.
Pour Jean-François Seznec, expert pétrolier et professeur à la Georgetown University, l'Iran ne sera pas le principal problème à Doha car ce pays ne pourra augmenter sa production que de 300.000 bj cette année.
L'inquiétude des producteurs, ce n'est pas si l'Iran gèle ou pas, mais plutôt la Russie, explique-t-il à l'AFP.
Mercredi, l'OPEP a indiqué que la production iranienne était ressortie à 3,3 mbj en mars, contre 2,9 mbj en janvier et une moyenne de 2,8 mbj l'an dernier.
- Hausse des prix
Selon des estimations de l'OPEP, la production des membres du cartel a atteint 32,25 mbj en mars, contre une moyenne de 31,85 mbj en 2015.
Les discussions de Doha décideront du rythme d'un rééquilibrage du marché et de combien les prix pétroliers pourraient augmenter, note Abhishek Deshpande, analyste chez Natixis.
Un accord de gel incluant l'Iran pourrait voir le marché complètement équilibré au troisième trimestre, selon lui.
Quel que soit le résultat de cette réunion, le prix du pétrole ne va pas rebondir bientôt et suffisamment pour équilibrer les finances publiques de la majorité des producteurs, juge pour sa part Christopher Dembik, analyste chez Saxo Bank.
Il avertit ainsi que les prix du brut pourraient retomber à 30/33 dollars le baril en l'absence d'accord.
L'un des objectifs de l'OPEP, qui a refusé de réduire sa production, était de faire sortir du marché les produits à coût élevé, particulièrement le pétrole de schiste américain.
La production de ce dernier a baissé de plus de 600.000 bj en mars, mais il pourrait faire un retour rapide sur le marché si les prix augmentent, craignent certains producteurs.
(c) AFP