Humiliation pour BP: la paie du DG rejetée par les actionnaires
Près de 60% des porteurs de titre du géant de l'or noir se sont prononcés contre le rapport de rémunération de la direction, qui comprend le passage de 16,4 à 19,6 millions de dollars la rémunération totale du directeur général Bob Dudley en 2015.
Cet avis n'est que consultatif mais son caractère négatif, une rareté dans les cercles d'actionnaires, constitue un affront pour la direction du groupe qui avait défendu jusqu'au bout le bien-fondé de cette augmentation.
Le principe de cette revalorisation avait pourtant été voté par les actionnaires eux-mêmes à l'occasion d'un vote contraignant, mais ce feu vert datait de 2014, une autre ère pour l'industrie du pétrole: le baril s'échangeait alors au-dessus des 100 dollars mais la course à la production engagée par de grands acteurs mondiaux de l'or noir, au premier rang desquels l'Arabie saoudite, l'a fait chuter aux alentours de 40 dollars actuellement.
Amorcée en juin 2014, la chute des cours a entraîné un net repli du cours de l'action BP, tombée de quelque 500 pence alors à guère plus de 350 aujourd'hui.
Elle a aussi et surtout poussé le géant pétrolier à multiplier les mesures de restructuration, comme la suppression de 4.000 postes cette année dans la partie amont (exploration, production) et 3.000 de plus d'ici à la fin 2017 dans l'aval (raffinage, distribution). En 2015, BP a subi une perte nette abyssale de 6,5 milliards de dollars.
- Un chantier de plus
Dans ce nouveau contexte, la responsable de la gouvernance d'entreprises chez Royal London Asset Management, Ashley Hamilton Claxton, a jugé que le conseil d'administration de BP avait perdu le sens des réalités en maintenant le bond de la paie de M. Dudley.
A l'ouverture de l'assemblée générale, le président de la major pétrolière, Carl-Henric Svanberg, avait tenté de calmer les esprits en notant une inquiétude réelle parmi ses actionnaires.
Nous vous entendons. Nous nous assiérons avec nos principaux actionnaires pour bien comprendre leurs inquiétudes et reviendrons devant vous pour demander votre soutien à une politique renouvelée en la matière, avait-il promis.
Mais il avait dans le même temps semblé écarter toute révision immédiate des émoluments de M. Dudley, soulignant que la performance des dirigeants avait été remarquable l'an passé dans une période très mouvementée.
Avec le camouflet essuyé jeudi, la réforme de la rémunération des dirigeants constitue néanmoins un nouveau chantier de taille pour le géant pétrolier qui, au-delà des conséquences de la chute des cours, doit encore gérer les suites de la marée noire de 2010 dans le Golfe du Mexique, qui l'a contraint à mettre de côté déjà 55,5 milliards de dollars.
A ce sujet, la justice américaine a validé début avril l'accord de 20,8 milliards de dollars conclu par BP avec les autorités de ce pays, ce qui clôt le volet proprement gouvernemental de la catastrophe. Mais le groupe britannique n'en a pas fini pour autant avec ce dossier qui fait toujours l'objet de recours judiciaires, entre autres.
(c) AFP