Le gel de la production de pétrole au niveau de janvier, pas suffisant pour un sursaut des prix
Les deux plus gros pays producteurs de brut, associés au Qatar et au Venezuela, ont dit qu'ils gèleraient leur production à ses niveaux de janvier, à condition que les autres producteurs leur emboîtent le pas.
Mais cet accord a peu de chances d'entraîner un rebond des prix, selon plusieurs experts interrogés par l'AFP, d'autant que l'Arabie saoudite et l'Iran, un autre gros pays producteurs, sont à couteaux tirés et s'affrontent indirectement au Yemen et en Syrie.
Si les cours du brut se sont d'abord redressés à cette annonce avec des hausses entre 40 et 50 cents des principaux indices pétroliers, ils sont ensuite repassés sous leur seuil de clôture de la veille, car sur du plus long terme, cela ne change pas vraiment la donne, on aura toujours cet excès d'offre, note Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.
Après que l'ensemble des pays producteurs ont largement pompé dans une course effrénée aux parts de marché depuis plus d'un an, ce gel ne change rien aux fondamentaux du marché parce que, parmi les quatre pays, il n'y en a aucun dont on attendait encore une augmentation substantielle de production, ajoute Jean-Marie Chevalier, professeur émérite à l'université Paris-Dauphine et expert du secteur.
Une annonce symbolique donc, selon M. Perrin, mais qui augure peut-être d'actions plus importantes dans les mois qui viennent et qui pourraient, elles, avoir un impact réel sur le marché.
C'est un signe fort, commente Michaël Lafarge, associé du cabinet EY, expert pétrole et gaz. Des pays se sont réunis dans un processus international pour atténuer les fluctuations des cours, ajoute-t-il.
Le ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi, a ainsi indiqué qu'il s'agissait du début d'un processus et que d'autres mesures pourraient être envisagées si nécessaire, alors que l'OPEP estime l'excédent d'offre à 2 millions de barils par jour (mbj) en 2015.
Parmi eux, certains, comme l'Algérie, le Nigeria, l'Angola, souffrent des prix bas du pétrole qui pèsent sur leur budget.
- Iran
Un accord de l'OPEP sur la baisse de la production ferait aussi les affaires des Etats-Unis, devenus arbitre du marché du pétrole grâce au boom des hydrocarbures de schiste. Ce serait une bouffée d'air frais, non seulement pour le secteur pétrolier (...), mais aussi pour les banques américaines qui ont beaucoup prêté au secteur pétrolier, estime M. Dembik.
L'économie mondiale, ajoute-t-il, pourrait également en tirer des bénéfices même au-delà des matières premières, dont les prix ont chuté dans la foulée du pétrole, et notamment en Europe où on s'inquiète de plus en plus du risque de déflation.
Mais si la dynamique (lancée par cet accord) consiste à faire que d'autres pays gèlent leur (niveau de) production, on ne sera pas plus avancés, nuance Francis Perrin.
D'autant que d'autres producteurs, notamment l'Irak et l'Iran, ont affiché ces derniers mois leur ferme volonté d'augmenter leur production.
Dans la foulée de cette annonce, le ministre vénézuélien du Pétrole Eulogio del Pino, doit d'ailleurs rencontrer mercredi à Téhéran ses homologues iranien et irakien.
Les Saoudiens ont augmenté leur production et maintenant que les Iraniens veulent augmenter la leur, ils annoncent un gel, le duel est absolument clair, estime Pierre Terzian, directeur de Petrostratégies.
(c) AFP