Le sous-investissement dans le pétrole prépare le rebond des prix
Nous sommes clairement confrontés aujourd'hui à une crise de surabondance d'offre, un excès de capacité qui s'explique aussi parce que la demande a été plus faible qu'attendu, a déclaré M. Pouyanné lors d'une conférence organisée dans le cadre de l'International Petroleum (IP) Week, chiffrant cette offre excédentaire à environ 2 millions de barils par jour (mb/j).
Chuter de 120 à 30 dollars le baril (depuis la mi-2014) a divisé par quatre le chiffre d'affaires des entreprises du secteur pétrolier, a rappelé le PDG de Total, estimant que l'ampleur de ce déclin était inédite, y compris par rapport à la crise traversée par le marché au milieu des années 80, et qu'elle avait des conséquences sur l'industrie dans son ensemble, l'obligeant à réagir.
M. Pouyanné a d'abord tenu à relativiser le niveau des excédents, estimant qu'ils ne représentaient que 2% de la production du marché, estimée à 90 millions de barils, alors qu'en 1985, ils comptaient pour 6 à 7% de ce marché, qui produisait alors quelque 60 mb/j.
En outre, nous avons des cycles et les cycles se produisent parce que quand les prix sont élevés, nous sur-investissons (...) et nous avons un impact sur la demande. Quand les prix sont bas, nous sous-investissons et la demande devient positive, a expliqué M. Pouyanné.
Depuis mars 2015, la production américaine de pétrole de schiste a décliné de 500.000 barils par jour, a souligné le patron du géant français du pétrole et du gaz, estimant que les effets de ce déclin devraient se faire sentir sur le marché dès le milieu de cette année.
Globalement, en 2016, la nouvelle offre de capacités additionnelles devrait être neutre, a-t-il précisé, ce qui, couplé à une hausse de la demande mondiale qu'il a estimée à environ 1,5 million de barils par jour cette année, devrait réduire les excédents à quelque 0,5 à 1 million de barils par jour.
C'est pourquoi, en dépit du niveau élevé des réserves mondiales de pétrole, je pense que les prix seront à la fin de l'année plus élevés que maintenant, a prédit M. Pouyanné.
Si vous ajoutez à cela une hausse de la demande, disons de 1,2%, ce qui n'est pas énorme, alors un million de barils par jour supplémentaires chaque année d'ici 2020 seront nécessaires.
Cela signifie que 25 millions de barils par jour de nouvelles capacités doivent être lancées entre aujourd'hui et 2020 dans un contexte où les investissements sont quasiment à l'arrêt, a poursuivi M. Pouyanné, estimant que le déficit d'offre d'ici 2020 devrait atteindre entre 5 et 10 millions de barils par jour.
(c) AFP