Le pétrole ne peut durablement se maintenir autour de 30 dollars
A long terme, les prix actuels à 30 dollars (le baril) ne sont pas tenables, a soutenu le président de l'Institut français du pétrole Energies nouvelles (IFP EN), Didier Houssin, lors d'une conférence de presse.
Les cours du pétrole ont dégringolé de près de 75% depuis juin 2014, pénalisés par une demande manquant de vigueur face à une offre excédentaire, alimentée notamment par la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Arabie saoudite en tête, déterminée à défendre ses parts de marché face aux hydrocarbures de schiste américains.
Cette chute des prix a contraint les compagnies pétrolières à se serrer la ceinture et à réduire drastiquement leurs investissements d'exploration-production, pourtant nécessaires pour alimenter la demande future. Celle-ci restera dynamique sur le long terme dans le secteur des transports, où il existe pour l'heure peu d'énergies alternatives, a estimé l'IFP EN.
On voit bien qu'il va falloir beaucoup investir pour développer 2 à 3 millions de barils par jour chaque année pour répondre à la fois à la hausse de la demande et à la déplétion des champs anciens, qui est de l'ordre de 5% par an, a souligné Didier Houssin.
Or, si les investissements qui sont déjà lancés vont permettre d'assurer la hausse des capacités de production à horizon 2020, le fort freinage actuel pose une grande question pour ce qui se passera au-delà, a-t-il ajouté.
Selon l'IFP EN, les investissements en exploration-production se sont effondrés de 21,1% à 539 milliards de dollars en 2015, principalement en Amérique du Nord (-35%), en Europe (-34%) et en Afrique (-22%). La tendance pourrait se poursuivre cette année, avec une baisse possible de 10% à 485 milliards de dollars. En conséquence, les prix du pétrole rebondiront, a estimé Didier Houssin.
Son institut pose deux hypothèses, sans trancher: si l'offre reste suffisante pour faire face à la demande, on peut avoir un scénario durable au-delà de 2020 de prix dans une fourchette de 40 à 60 dollars, a expliqué M. Houssin.
Dans le cas contraire, compte tenu de la dynamique de la demande de mobilité dans les pays émergents, (...) le ralentissement des investissements peut laisser penser qu'on irait assez vite vers une tension très forte sur les prix au-delà de 2020.
(c) AFP