Le pétrole emporté par le pessimisme minant le marché
Vers 17H15 GMT (18H15 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 31,91 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,64 dollar par rapport à la clôture de vendredi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 1,43 dollar à 31,73 dollars.
Les cours du Brent et du WTI, qui s'affichaient en baisse depuis le début de la séance, ont nettement creusé leurs pertes à l'ouverture des échanges américains, sans qu'aucun facteur nouveau n'affecte les cours, qui ont pourtant signé de nouveaux plus bas en respectivement plus de onze ans et demi et douze ans.
Le prix du pétrole échangé à Londres a ainsi atteint vers 16H30 GMT 31,69 dollars, un plus bas depuis le 7 avril 2004, tandis que le WTI s'est échangé au même moment à 31,55 dollars, un minimum depuis le 23 décembre 2003.
"Il n'y a pas d'information nouvelle concernant le marché pétrolier. Les facteurs de risque - tensions au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), entre l'Arabie saoudite et l'Iran, demande agrégée faible et excès d'offre, dollar qui va continuer de se renforcer - sont des données déjà intégrées par le marché", notait Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.
"La seule différence qu'on constate depuis quelques séances a trait aux prises de position des investisseurs. Ils se sont massivement portés vendeurs ce qui indique qu'ils ne croient pas à un retour des cours à la hausse à court terme. Tout au plus peut-on espérer un rebond technique après déjà six séances consécutives de repli", poursuivait l'analyste.M. Dembik estimait ainsi que dans ce contexte, la cible des 30 dollars le baril paraissait crédible et pourrait même constituer un plancher temporaire limitant la dépréciation des cours.
Au-delà de la situation réelle du marché du pétrole, les observateurs notaient en effet que la baisse des cours était accentuée par un mouvement massif de retrait des investisseurs, dont les paris sur la hausse des prix sont tombés à leur plus bas niveau depuis 2009 à New York.
"Vu la situation difficile, les investisseurs sont en train de se défaire de leurs investissements dans le pétrole et/ou en train de parier de plus en plus sur une nouvelle baisse des cours", commentaient les experts de Commerzbank.
Quant aux fondamentaux de l'offre et de la demande, ils n'offraient pas davantage de perspective réjouissante pour les prix du brut, les inquiétudes sur la croissance de la Chine, premier consommateur d'énergie au monde, étant venues s'ajouter récemment aux craintes entourant la surabondance d'offre mondiale.
La Bourse de Shanghai a encore dégringolé de plus de 5%, lundi, après un plongeon la semaine précédente, dans un contexte d'inquiétudes sur la morosité de l'économie chinoise, première importatrice mondiale de pétrole, et de doutes sur l'efficacité des politiques menées par Pékin.
"Pour le moment, peu de gens s'attendent à voir un important rebond du pétrole, donc les prix continuent à s'épancher à la baisse vers des plus bas de plusieurs années alors que le moral (des investisseurs) va de mal en pis", abondait Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com.
M. Razaqzada jugeait pourtant qu'étant donné l'annonce vendredi par la société de services pétroliers Baker Hughes qu'il y avait encore eu la semaine dernière 20 puits en activité de moins aux États-Unis par rapport à la semaine précédente, ramenant le nombre de puits en activité à son plus bas niveau depuis avril 2010, ce n'était "qu'une question de temps avant que la production américaine de brut réponde d'une façon significative".
"Nous pourrions donc être vraiment proches d'un plancher, mais quand et à quel niveau de prix ce dernier pourrait intervenir est la question que tout le monde se pose à ce stade. La bonne nouvelle est qu'on sera bientôt fixé", concluait M. Razaqzada.
(c) AFP