Avec la forte baisse des carburants, c'est déjà Noël pour les consommateurs français
"En termes de pouvoir d'achat, c'est probablement la meilleure nouvelle de ces 18 derniers mois", se réjouit François Carlier, délégué général de l'association de consommateurs CLCV. "Les plus grands bénéficiaires sont les ménages ruraux qui se chauffent au fioul et utilisent beaucoup la voiture", selon lui.
Carburant préféré des Français avec environ 80% des volumes écoulés du fait de la prévalence des véhicules à moteur diesel dans le parc automobile national, le gazole a continué à battre des records à la baisse la semaine dernière, tombant à son niveau le plus bas depuis mi-juillet 2009.
"Mon fils (dans la voiture) m'a dit: +Maman c'est bien, c'est Noël un peu avant+". "Ca me permet d'économiser, ça me donne le sourire", s'enthousiasme Lilia, une automobiliste rencontrée dans une station-service de la porte de Saint-Ouen, à Paris.
"Avec la baisse des prix, je vais en profiter pour sortir plus la voiture", ajoute-t-elle, "même si dans cette station, le gazole n'était pas encore passé sous la barre symbolique d'un euro le litre comme dans d'autres points de vente".
"J'ai remarqué que le prix était plus bas, je suis attentive à ça, j'utilise beaucoup la voiture", note une autre automobiliste, pour qui ce repli constitue également un petit cadeau.
- 20 milliards de gains
En deux ans, la baisse frôle même les 44% pour le fioul domestique, qui s'écoule aussi moins bien ces derniers semaines en raison de la douceur des températures.Cette baisse des prix des produits pétroliers découle du fort repli des cours du brut, qui évoluent à leurs niveaux les plus bas depuis plusieurs années, pénalisés par une offre surabondante face à une demande manquant de vigueur.
Déjà morose pendant toute l'année, le marché est gagné depuis début décembre par une nouvelle dose de pessimisme à la suite du refus de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de baisser sa production, ce qui aurait permis de réduire les excédents. Le baril de Brent a ainsi dégringolé à environ 36 dollars lundi à Londres, un plus bas en 11 ans et demi.
Pour les consommateurs français, la baisse à la pompe aurait été encore plus marquée sans le poids des taxes, qui seront revues à la hausse le 1er janvier. Elles augmenteront de 3,5 centimes d'euro par litre pour le gazole et de 2 centimes pour le SP95.
"Mais la baisse du prix du baril est telle que le consommateur restera gagnant", estime François Carlier, déplorant toutefois le niveau élevé des marges de raffinage et des surcharges carburant appliquées par les compagnies aériennes.
Les entreprises en profitent aussi, à l'exception notable des compagnies pétrolières.
"En 2015, la baisse du prix du pétrole a permis de réinjecter près de 20 milliards d'euros dans l'économie française: dix milliards pour les ménages et dix milliards pour les entreprises", souligne Mathieu Plane, de l'Observatoire français de la conjoncture économique (OFCE).
(c) AFP