Le pétrole de nouveau dans le rouge, dans un marché focalisé sur les Etats-Unis
Vers 11H40 GMT (12H40 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier, dont c'est le dernier jour d'utilisation comme contrat de référence, valait 37,58 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en repli de 87 cents par rapport à la clôture de mardi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 23 cents à 37,12 dollars.
Les cours du Brent et du WTI, qui étaient parvenus mardi à rebondir après leurs lourdes pertes de la veille, n'ont pas réussi à maintenir leurs gains mercredi, alors que le marché semblait préoccupé par une possible augmentation prochaine des exportations américaines de brut et guettait en outre les derniers chiffres des réserves de pétrole aux États-Unis ainsi que l'annonce d'une probable hausse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Les cours du brut avaient lundi nettement accentué un mouvement de repli débuté fin novembre, tombant à Londres à 36,33 dollars le baril, au plus bas depuis le 24 décembre 2008, et à New York à 34,53 dollars le baril, leur niveau le plus faible depuis le 18 février 2009.
"Les cours du pétrole sont soumis à une pression considérable et perdent à nouveau les gains enregistrés la veille. La perspective de l'arrivée sur le marché de pétrole supplémentaire en provenance des États-Unis et d'Iran au début de 2016 pèse sur le marché", relevaient les analystes de Commerzbank.
Plusieurs analystes rapportaient en effet que le Congrès américain avait décidé dans la nuit d'abolir complètement l'interdiction des exportations de brut américain, en vigueur depuis 40 ans."Un vote aura lieu jeudi, après quoi le président américain (Barack) Obama devra encore signer la loi", ajoutaient les analystes de Commerzbank, qui s'attendaient toutefois à ce que l'impact sur le marché reste limité.
Selon eux en effet, la différence de prix entre le Brent et le WTI devrait au moins couvrir les coûts de transport par oléoduc depuis la région productrice du Midwest (nord-est) aux États-Unis vers le Golfe du Mexique pour que les exportations de pétrole américain soient compétitives, ce qui est loin d'être le cas.
En outre, poursuivaient-ils, "il n'y aura pas beaucoup de changement lorsque l'interdiction des exportations sera officiellement levée car les États-Unis ont déjà intensifié leurs exportations de pétrole ces derniers mois dans le sillage de l'assouplissement progressif de l'interdiction".
"Les exportations américaines de pétrole ne devraient pas dans l'ensemble affecter les prix du marché mais cela signifierait que les producteurs américains et mondiaux vendent sur le même marché", abondait Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets.
"Les producteurs mondiaux, dont la Russie et les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), pourraient avoir à réduire leurs prix pour rivaliser avec les producteurs américains de pétrole de schiste qui pourraient trouver de l'espace pour augmenter leurs prix", poursuivait l'analyste, soulignant que cette compétition accrue ne pouvait que faire peser une pression supplémentaire sur l'OPEP.
En outre, les investisseurs attendaient à 15H30 GMT les derniers chiffres du Département américain de l'Énergie (DOE) sur l'état des réserves de brut du premier consommateur mondial d'or noir.
Selon les estimations de l'API publiées mardi, "les stocks américains de brut ont augmenté de 2,3 millions de barils tandis que les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, centre-sud) ont augmenté de 900.000 barils par jour" la semaine dernière, observait Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix.
L'American Petroleum Institute a par ailleurs fait état d'une baisse de 1,8 million de barils des stocks de produit distillés alors que les stocks d'essence n'ont augmenté que de 100.000 barils, ajoutait M. Jakob.
De leur côté, les experts interrogés par l'agence Bloomberg s'attendent, selon des prévisions médianes, à une baisse des stocks de brut de 1,5 million de barils lors de la semaine achevée le 11 décembre.
Selon ces experts, les réserves d'essence auraient augmenté de 1 million de barils la semaine dernière tandis que les stocks de produits distillés (diesel, fioul de chauffage, kérosène, etc.) auraient pour leur part progressé de 2 millions de barils.
Le marché restait en outre sur ses gardes avant une décision de la Réserve fédérale ce mercredi qui devrait, selon la plupart des investisseurs, remonter ses taux pour la première fois depuis près de dix ans.
Dans ce cas, le dollar a des chances de se renforcer, ce qui habituellement pèse sur les cours du pétrole car cela pénalise les acheteurs de brut munis d'autres devises.
(c) AFP