Le pétrole achève la semaine par un nouveau plongeon au plus bas depuis 2009
Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier a cédé 1,14 dollar à 35,62 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) et a ainsi, comme toutes les autres séances de la semaine, terminé à un nouveau plus bas depuis février 2009.
A Londres, le prix du baril de Brent, lui-aussi au plus bas depuis la crise de 2008-2009, a encore plus lourdement baissé, perdant 1,80 dollar à 37,93 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), là aussi pour le contrat de janvier. Sur la semaine, sa chute représente presque 12%.
"Le marché continue de chercher un plancher", a résumé Gene McGillian, de Tradition Energy. "Les prix restent plombés par la décision de la semaine dernière de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de ne rien changer à leur politique et de continuer à produire autant de pétrole qu'ils le peuvent malgré un profond déséquilibre entre l'offre et la demande."
Alors que la surabondance d'or noir règne toujours dans le monde, le cartel a carrément décidé en fin de de semaine dernière de ne plus se fixer d'objectifs chiffrés de production et ce choix, qui va à l'encontre des espoirs des investisseurs, a pesé toute la semaine sur le marché pétrolier, allant jusqu'à ébranler les grandes Bourses.
"Aujourd'hui, l'AIE a dit s'attendre à ce que les cours restent déprimés en 2016 à cause de la politique de l'Opep, ce qui a poussé de nouveaux investisseurs à passer à la vente", a noté M. McGillian.
- Baisse des puits aux USA
Dans son rapport mensuel, l'AIE, qui est basée à Paris et liée à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a maintenu sa prévision selon laquelle la production de l'Opep augmenterait encore de 1,2 million de barils par jour (mb/j) l'an prochain, ce que ne compenserait pas une baisse de 600.000 b/j hors du cartel.
De plus, l'AIE a prévenu qu'au niveau de la demande, les effets positifs de la baisse des prix, qui ont chuté fin 2014 et ont depuis échoué à rebondir, commençaient à s'atténuer, avec un ralentissement de la consommation déjà important fin 2015.
Autre annonce défavorable, "la Russie a déclaré qu'elle s'attendait à ce que le prix du baril de pétrole reste inférieur à 60 dollars pendant au moins sept ans, et cela contribue largement au pessimisme du marché", a rapporté Phil Flynn, de Price Futures Group.
Dans ce contexte, le marché n'a que peu réagi à l'annonce d'une nette baisse du nombre de puits en activité aux Etats-Unis, selon le décompte établi par le groupe privé Baker Hughes, même si leur chute de deux tiers depuis octobre 2014 laisse certains observateurs croire à un déclin marqué de la production américaine.
"Cette semaine, des chiffres du département américain de l'Energie ont montré que la production reste bien supérieure à neuf millions de baril par jour, même si elle a enregistré un petit déclin hebdomadaire", a remarqué M. McGillian. On ne voit tout simplement pas de lueur d'espoir.
Tout en reconnaissant la réalité du déséquilibre d'offre et de demande, certains observateurs s'interrogeaient tout de même sur la violence de la réaction du marché.
"Je crois qu'on a surtout assisté à des mouvements spéculatifs à la baisse", a jugé Christopher Dembik de Saxo Banque, relativisant notamment le rôle du rapport de l'AIE. Ce mouvement à la baisse est auto-entretenu.
(c) AFP