Baisse du prix du pétrole: les consommateurs gagnants, les producteurs et la BCE perdants
Les principaux perdants de la baisse du cours sont les pays exportateurs, rappelle Denis Ferrand, directeur général de l'institut économique français Coe-Rexecode. Cela se voit quand vous regardez l'évolution à la baisse des réserves en devises de l'Arabie saoudite ou le retour en zone déficitaire du commerce extérieur de l'Algérie ou du Nigeria.
Le cours du pétrole a plongé sous la barre des 40 dollars après la décision des pays de l'Opep de s'abstenir lors de sa réunion semestrielle vendredi à Vienne de baisser leur production en dépit des excédents pesant sur le marché.
En Russie, où les hydrocarbures représentent la plus grande partie des rentrées budgétaires de l'Etat, la chute du cours suscite des craintes.
Le manque à gagner pourrait représenter (...) environ 2% du produit intérieur brut par rapport au budget prévu actuellement, a reconnu le ministre des Finances Anton Silouanov.
Au Venezuela, dont l'économie s'est effondrée ces derniers mois au même rythme que les cours du brut, la crise explique en partie la victoire de l'opposition lors des élections législatives de dimanche.
L'agence, qui a déjà abaissé les notes de cinq pays producteurs cette année, n'écarte pas de nouvelles dégradations de notes.
Les Etats ne sont pas les seuls à souffrir. Les groupes pétroliers ou para-pétroliers subissent la baisse de plein fouet et voient leur action baisser en Bourse.
- Toujours une bonne nouvelle
Du côté des gagnants, les consommateurs des pays importateurs sont aux premières loges. Ils consacreront moins d'argent à l'achat de combustible et disposeront donc d'une marge plus importante pour réaliser d'autres dépenses, une situation qui devrait donner un coup de pouce à la croissance.
La baisse du cours constitue également un soutien au rebond de la croissance américaine même s'il affecte durement sa production d'hydrocarbures non conventionnels comme le pétrole et le gaz de schiste.
En Europe, la baisse du pétrole apporte un soutien non négligeable à sa croissance fragile.
Du point de vue de la zone euro, la baisse du prix du pétrole est toujours une bonne nouvelle, affirme Michel Martinez, chef économiste Europe de la Société générale, même s'il reconnaît qu'il ne s'agit pas du seul moteur de la croissance.
Pour M. Ferrand, l'impact n'est pas négligeable. Si l'on prend en compte le cours du pétrole et le recul de la monnaie européenne, c'est la moitié de la croissance de la zone euro qui se trouve expliquée par des éléments exogènes, assure-t-il.
Sur la croissance de 1,5% attendue en zone euro en 2015, vous avez 0,4% qui provient de la baisse du prix du brut et 0,3% de la dépréciation de l'euro, souligne-t-il, se basant sur un sondage réalisé par Coe-Rexecode en novembre auprès des conjoncturistes européens.
Revers de la médaille: le pétrole ne vient pas au secours de la Banque centrale européenne (BCE) qui éprouve des difficultés à relancer l'inflation dans la zone euro.
Cela retarde le retour de l'inflation et c'est de nature à renforcer les craintes déflationnistes, admet M. Martinez.
Lestée par la chute des cours de l'or noir, l'inflation en zone euro est en effet au point mort depuis plusieurs mois, n'atteignant que 0,1% en novembre, très loin de l'objectif d'un peu moins de 2% des gardiens de l'euro.
(c) AFP