L'Opep décide de maintenir son niveau actuel de production malgré la chute des cours du pétrole
Étant donné la situation économique actuelle des pays consommateurs et de l'économie mondiale, nous allons maintenir la production à ses niveaux actuels, a déclaré lors d'une conférence de presse le ministre nigérian du Pétrole Emmanuel Ibe Kachikwu, qui préside l'Organisation cette année.
La production des pays de l'Opep, qui pompent plus d'un tiers du pétrole mondial, se situe actuellement aux alentours de 32 millions de barils par jour (mbj), selon différentes études, soit au-delà de son objectif théorique de 30 mbj qui avait été maintenu inchangé lors de la précédente réunion du cartel en juin.
Comme six mois auparavant, l'Opep a ainsi renoncé à consentir aux réductions de production demandées par certains de ses plus petits producteurs, notamment le Venezuela et l'Algérie, qui souffrent particulièrement de la chute des cours du pétrole.
Nous avons pris connaissance du niveau actuel de production, qui se situe au-dessus des 30 millions de barils qui ont été approuvés et avons décidé que réduire ce niveau n'allait pas avoir beaucoup d'effet sur le marché, a argué le ministre nigérian du Pétrole.
L'Opep ne produit qu'environ 35 à 40% de la consommation mondiale. Si vous continuez à (vouloir) réduire la production, cela ne résout aucun problème. Nous avons besoin de nous adresser aussi aux pays non membres de l'Opep afin qu'ils nous rejoignent dans cette volonté de stabilité (des prix), a ajouté M. Kachikwu.
Nous avons dit à plus d'une occasion que nous avions l'intention de coopérer avec toute personne qui aiderait à rééquilibrer le marché... avec nous, avait répété vendredi avant la réunion le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi.
- Arrivée de l'Iran
Les pays du Golfe, soucieux plus que jamais de préserver leurs parts de marché alors que l'Iran prépare son grand retour, ont en effet fait savoir à plusieurs reprises qu'ils n'accepteraient de réduire leur production que si les producteurs extérieurs au cartel s'engageaient également dans cette voie, ce que la plupart des analystes jugent peu probable.
La chute des cours du brut, qui ont perdu plus de 60% de leur valeur depuis la mi-2014, est en grande partie imputable à l'offensive commerciale de l'Opep, Arabie saoudite en tête, qui inonde le marché d'or noir pour contrer l'essor des hydrocarbures de schiste aux États-Unis, mais aussi aux pays non membres du cartel, notamment la Russie, dont la production a récemment atteint des niveaux records.
La situation du marché est excédentaire, tout le monde le sait. Il y a trop de production, cette production n'est pas seulement imputable à l'Opep, elle est imputable à tous les acteurs, avait souligné avant la réunion le ministre algérien de l'Énergie, Salah Khebri.
Mais l'Opep a également choisi cette fois de ne pas communiquer d'objectif théorique de production, préférant attendre sa prochaine réunion de juin.
Nous ne pouvons avancer de chiffre maintenant parce que l'Iran arrive, nous ne savons pas quand il arrivera et nous devrons l'accueillir d'une façon ou d'une autre, a déclaré le secrétaire général de l'Opep, Abdallah el-Badri.
De plus, la production change parfois. Nous avons donc décidé de reporter cette décision à la prochaine réunion de l'Opep, jusqu'à ce que la situation (de la production mondiale) soit plus claire pour nous afin de décider d'un chiffre, a-t-il ajouté.
Le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh a répété jeudi à Vienne que l'Iran avait l'intention d'augmenter sa production d'au moins 500.000 barils par jour immédiatement après la levée des sanctions occidentales, qui doit intervenir début 2016, puis d'un million de mbj par la suite.
(c) AFP