Exploitation minière, pétrolière et gazière sur un tiers des sites du Patrimoine mondial naturel
Sur les 229 sites inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco, 70, soit 31%, sont touchés par des activités d'extraction ou l'octroi de concessions empiétant sur leur territoire.
Ce pourcentage grimpe à 61% en Afrique, où 25 des 41 sites sont concernés. Il est de 34% dans la zone Asie-Pacifique (24 sites sur 70) et de 31% en Amérique latine et dans les Caraïbes (13 sur 41), selon ce rapport réalisé par la branche britannique du WWF en partenariat avec les sociétés de gestion d'actifs Aviva Investors et Investec Asset Management.
Les 229 sites inscrits au Patrimoine mondial représentent moins de 1% de la surface de la Terre mais abritent de nombreuses espèces en danger comme les gorilles de montagne, les tigres de Sumatra, les tortues géantes et rhinocéros blancs, souligne le rapport.
A titre d'exemple, il cite la réserve de Selous, en Tanzanie, où, selon l'Unesco, éléphants, rhinocéros noirs, guépards, girafes, hippopotames et crocodiles vivent en très grand nombre.
Ce sanctuaire de 50.000 km2, l'une des plus grandes zones protégées d'Afrique, abrite cinq mines actives, selon le rapport. Plus de 55 concessions minières (...), et six concessions gazière ou pétrolière, qui pourraient avoir des impacts sur le parc ont été accordées par le gouvernement tanzanien, ajoute-t-il.
Cette situation résulte d'une révision en 2009 de la législation, qui autorise désormais l'octroi de concessions dans les réserves de gibier tanzaniennes, explique le WWF. La réserve de Selous figure depuis 2014 sur la liste du Patrimoine mondial en péril, en partie à cause des inquiétudes concernant les activités d'extraction à l'intérieur de la réserve, ajoute le rapport.
Au total, 444 concessions minières et 77 pétrolières ou gazières ont été recensées sur les 229 sites naturels, indique le rapport. Les parcs africains sont les plus touchés, avec 196 concessions minières et 30 concessions gazières et pétrolières.
Outre des dégâts irréversibles, cette exploitation des sous-sols porte préjudice aux communautés locales, même si elles en tirent des bénéfices immédiats, souligne le rapport. Elle menace en effet le développement de secteurs comme le tourisme, la pêche et les énergies renouvelables qui, bien gérés, peuvent assurer les moyens de subsistance des habitants à long terme.
Le rapport souligne aussi les risques financiers ou en termes de réputation courus par les investisseurs qui envisagent de soutenir des entreprises d'extraction travaillant à proximité ou au sein des sites naturels.
(c) AFP