Le brut se cherche une direction, le marché guette le dollar
Vers 10H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet s'échangeait à 116,50 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, cédant 23 cents par rapport à la clôture de mardi.
Dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 6 cents à 102,64 dollars.
Les cours du baril faisaient une pause après avoir bondi de plus de 2 dollars la veille, notamment à la faveur d'un affaiblissement du billet vert, qui rendait plus attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine. Le billet vert restait en baisse face à l'euro mercredi.
"Des commentaires encourageants sur une nouvelle aide internationale apportée à la Grèce ont contribué à tirer l'euro vers le haut et à conforter la confiance des investisseurs", observait Andrey Kryuchenkov, de VTB Capital.
Le dollar était par ailleurs sous le coup des indicateurs décevants publiés mardi: l'indice de confiance des consommateurs américains a chuté en mai à son plus bas niveau depuis novembre, et la progression de l'activité économique dans la région de Chicago a ralenti en mai pour le troisième mois d'affilée.
"Ces indices pèsent sur la monnaie américaine" et à ce titre ont contribué à soutenir les cours du pétrole, mais ils ne sont guère de nature à rasséréner les investisseurs sur la solidité de la consommation énergétique des Etats-Unis, tempérait David Hufton, analyste de PVM Oil Associates.
"Ce sont des nouvelles médiocres et inquiétantes. (...) les quelques indices positifs sur la situation économique américaine ne sont pas suffisants pour chasser les nuages qui assombrissent l'horizon des prochains mois", insistait-il.
Sur le front de l'offre, le marché restait cependant soutenu par la fermeture de l'oléoduc Keystone, qui transporte du brut canadien vers la région du Midwest aux Etats-Unis, suite à une fuite dans une station de pompage.
Les réparations pourraient durer plusieurs jours, a indiqué mardi TransCanada, propriétaire de l'oléoduc.
"C'est une interruption temporaire de l'approvisionnement (américain), et même si les stocks pétroliers aux Etats-Unis sont surabondants, la nouvelle soutient les prix du brut, en raison de la nervosité qui existe au niveau dans le monde sur le front de l'offre", remarquait M. Kryuchenkov.
"Les réserves de +light sweet+ (brut léger en soufre) ont sévèrement diminué dans le monde, en raison de l'absence de la production libyenne, et l'usage des capacités de production non utilisées (par les pays producteurs) est largement en question avant la réunion de l'Opep du 8 juin", a-t-il fait valoir.
Les opérateurs restaient par ailleurs attentifs à la situation au Yémen, en proie à de violents affrontements entre forces loyales au président contesté Ali Abdallah Saleh et des manifestants soutenant des chefs tribaux.
Le Yémen est un producteur pétrolier modeste mais voisin de l'Arabie saoudite, premier exportateur de brut dans le monde, et proche de routes maritimes stratégiques du transport d'hydrocarbures.