Le pétrole grimpe une fois l'accord sur le nucléaire iranien digéré
Vers 16H00 GMT (18H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 58,38 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 53 cents par rapport à la clôture de lundi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance gagnait 72 cents à 52,92 dollars.
La réaction des prix du pétrole après la conclusion de l'accord, en début d'échanges européens, a d'abord été vive, avec une forte baisse des cours, mais les marchés se sont vite calmés une fois l'annonce digérée, même si les cours restaient sous la pression de la surabondance d'offre sur les marchés.
La décision était attendue, notaient plusieurs analystes dont ceux de Saxo Bank et de BNP Paribas, et jusqu'à un certain point déjà intégrée dans les prix.
Le peu de réaction des investisseurs à propos de l'Iran s'explique par le fait qu'ils savent très bien que l'accord va prendre du temps à être mis en place. L'impact sur les cours ne sera perceptible que sur le long terme, soulignait Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.
Nous ne sommes pas au bout de nos peines en ce qui concerne la levée de sanctions contre le secteur pétrolier en Iran ses exportations, incluant les restrictions financières dans le domaine de l'assurance maritime, notaient les analystes de BNP Paribas.Ces derniers estimaient que l'assouplissement des sanctions n'était pas synonyme d'une ouverture des vannes à pétrole iraniennes. L'accord devra être ratifié par le Congrès américain dans les prochains 60 jours et même si ce dernier n'a pas à approuver l'accord, il a le pouvoir d'en bloquer un élément central: la suspension des sanctions américaines.
De plus, l'Iran va devoir restreindre significativement son programme nucléaire avant que les sanctions des États-Unis et l'Union européenne (UE) ne soient allégées, tempérait Richard Mallinson, analyste chez Energy Aspects.
Et les obligations de l'Iran à ce niveau sont loin d'être triviales, commentaient les analystes de Fitch.Nous nous attendons à ce que les sanctions soient levées d'ici six mois dans le meilleur des cas. C'est donc à partir de 2016 que nous devrions assister à un afflux de pétrole iranien sur le marché, notait M. Dembik.
Le ministre du Pétrole Bijan Namdar Zangeneh avait assuré en juin dernier, lors d'une réunion organisée par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), que le pays pourrait produire un million de barils de plus par jour (mbj)dans les six à sept mois qui suivraient la levée des sanctions.
Les observateurs du marché du pétrole ne sont pas aussi optimistes quant aux volumes de brut qui sortiront des puits du pays, car les installations pétrolières vieillissantes pourraient mettre un frein à un redémarrage rapide.
Charles Robertson de Renaissance Capital estimait ainsi que la production iranienne va rebondir de 750.000 barils par jour pour atteindre 4,4 mbj en 2016.
Combiné aux 19 millions de barils de pétrole stockés (en Iran), ceci devrait faire grimper les exportations iraniennes à 2,4 mbj en 2016, contre 1,6 mbj en 2014, a souligné l'analyste.
Dans un marché où l'excédent de pétrole atteint entre 1,5 et 2 mbj, malgré une demande qui se reprend, toute augmentation de l'offre mondiale est accueillie négativement par les marchés, et ce même si la levée des sanctions ne sera pas immédiate. Et le retour de l'Iran sur les marchés devrait freiner toute reprise des prix du pétrole en 2016, selon plusieurs analystes.
(c) AFP