Mexique : appétit international pour les premières enchères pétrolières mercredi
Le gouvernement va attribuer l'exploitation de 14 sites en eaux peu profondes dans le Golfe du Mexique, d'une valeur totale estimée à 17 milliards de dollars, lors d'un concours auquel participeront sept consortiums et 18 entreprises.
Des entreprises mexicaines et étrangères se préparent depuis des mois pour ces enchères, point d'orgue d'une réforme voulue par le président Enrique Peña Nieto, adoptée l'an dernier à l'issue d'un débat houleux au Congrès où la fierté mexicaine était aussi en jeu.
Cette réforme historique brise le monopole de l'Etat accordé, en matière de forage pétrolier, à l'entreprise d'Etat Pemex depuis 1938.
Pena Nieto espère ainsi relancer la production de pétrole et stimuler l'économie du pays après des années marquées par un déclin régulier de la production.
Les géants américains ExxonMobil et Chevron, les anglo-australiens BHP Billion, la compagnie nationale indienne ONGC Videsh Ltd, la Russe Lukoil, le groupe français Total et Nexen, propriété de la Chine, vont soumettre des offres.
Selon les autorités mexicaines, Pemex ne participera pas à ces premières enchères mais sans doute aux suivantes.D'autres entreprises comme l'Italienne Eni ou la Thaïlandaise Petronas Carigali participeront à travers des consortiums.
- 'Premier test' -
Alors que 14 autres sites, situés au large des côtes sud-est, sont également disponibles, le ministre de l'Energie Pedro Joaquin Coldwell a indiqué qu'ils ne seraient pas mis aux enchères. Se fondant sur des expériences d'enchères internationales précédentes, Coldwell a estimé que 30 à 50% des sites mis aux enchères seraient effectivement attribués.
Cela me semble réaliste, explique à l'AFP David Enriquez, expert en energie au cabinet Goodrich, Riquelme et Associés à Mexico City. C'est normal que tous les sites ne soient pas attribués au premier tour.
Sur la totalité des sites proposés, quatre ont soulevé un intérêt élevé ou assez élevé, quatre autres un intérêt moyen, a-t-il indiqué.
La forte baisse du prix du pétrole joue un rôle important sur l'attractivité de ces enchères.
Pour parler de succès, le Mexique doit au moins parvenir à attribuer quatre blocs, estime Enriquez.
Il est important que ce test réussisse car c'est le premier. C'est aussi pour les compagnies un moyen de se familiariser avec le système d'enchères pétrolières mis en place au Mexique. C'est comme un entraînement.
Selon David Shields, analyste industriel et directeur du magazine Energia, le gouvernement est totalement pessimiste : Ce serait très étrange s'ils parvenaient à octroyer tous les blocs.
Une ou deux entreprises pourrait dominer ces enchères, selon lui.
Coldwell a indiqué que plusieurs très grandes entreprises pourraient s'abstenir de surenchérir au premier tour et se réserver pour des enchères plus importantes, portant sur des projets compliqués tels que des forages en eaux profondes ou l'exploitation de stockages de gaz souterrain naturel.
Le premier tour devra être analysé au vu de l'ensemble, a-t-il affirmé.
- Enchères télévisées -
Ces enchères étant inédites au Mexique, les autorités ont souhaité les entourer d'un maximum de transparence.
Elles seront retransmises par satellite et sur internet, a indiqué le président de la commission nationale des hydrocarbures, Juan Carlos Zepeda.
Des représentants de chaque compagnie déposeront leur offre dans les 14 boîtes. Une caméra zoomera sur les enveloppes au moment de leur ouverture et l'offre la plus élevée remportera l'enchère.
En termes de transparence, nous sommes au-dessus des normes internationales, indique Zepeda.
Les groupes présenteront leur offre en ignorant le pourcentage minimum de recettes que le gouvernement souhaite obtenir pour chaque projet.
Ce système transparent a été mis en place pour éviter les critiques contre le gouvernement dans un pays où le taux de corruption est notoirement élevé.
L'an dernier, Peña Nieto avait annulé brusquement un projet de train à grande vitesse attribué à un consortium chinois, s'attirant les foudres de Pékin.
Sa décision était intervenue quelques jours avant la révélation par les médias que sa femme avait acheté une maison luxueuse auprès d'une entreprise mexicaine, membre de ce consortium.
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(c) AFP